Underworld
États-Unis, 2003
De Len Wiseman
Scénario : Kevin Grevioux, Danny McBride, Len Wiseman
Avec : Kate Beckinsale, Robbie Gee, Bill Nighy, Michael Sheen, Scott Speedman
Durée : 1h55
Sortie : 24/09/2003
Depuis plusieurs siècles, le clan des vampires et celui des loups-garous se livrent une guerre sans relâche. Lorsque Selene, une tueuse vampire, apprend que le jeune Michael Corwin est convoité par ses ennemis, elle se lance également à sa poursuite et découvre des secrets bien plus profondément enfouis…
MONDES PARALLELES
Loin d’être novateur, le concept de base d’Underworld n’avait pourtant jamais été abordé au cinéma jusqu’à présent. Le premier film de Len Wiseman n’est certes pas sans rappeler les jeux de rôles Vampire, la mascarade, White Wolf ou encore Loup-garou, l’apocalypse, mais l’initiative de présenter cet univers à l’écran demeure louable. De plus, Wiseman et le scénariste Danny McBride parviennent à bien cerner ce monde presque invisible aux humains qu’est le territoire des "monstres". En quelques scènes, la caste supérieure des vampires est opposée à la race souterraine des lycans (nom donné aux loups-garous); là où les premiers vivent dans le luxe de manoirs et se meuvent avec grâce, les seconds prolifèrent en sous-sol, dans les égouts, et dégagent une énergie purement viscérale. Deux microcosmes parallèles qui présentent bien des points communs avec notre propre existence, jusque dans leur Histoire. Depuis des lustres, le destin de ces deux espèces est parasité par une querelle, devenue éternel conflit, intrigue qui recèle malheureusement un potentiel inexploité. Car si d’un point de vue technique Underworld est plutôt réussi, le scénario s’avère largement perfectible.
Signé de la main d’un cascadeur, le récit s’encombre de rebondissements inutiles ou redondants, qui peinent à retenir l'attention. La structure narrative est fort laborieuse et les quelques trouvailles du script sont sous-employées. Outre la frustration basique de ne pas avoir droit à de réjouissants combats entre les créatures, on regrette que le thème sous-jacent du lien de l’individu à son passé et à son Histoire soit autant négligé. Bien que l’idée soit à chaque instant présente, elle reste beaucoup trop implicite, oubliée au profit de scènes d’actions peu excitantes, ou d’un développement épisodique ennuyeux. Il y avait ici la possibilité d'exploiter pleinement un parallèle avec un autre monde, le nôtre. À l’instar des œuvres de science-fiction qui l’ont précédé, Underworld aurait pu refléter notre propre société à travers un traitement fantastique, et transcender ainsi son statut de série B. Au final, malgré une mise en scène, une photographie et des trucages corrects, le film ne dépasse jamais le stade du produit post-Matrix, et se voudrait un mélange homogène de sous-cultures diverses, du comic book au jeu de rôles en passant par une esthétique gothique proche de Dark City. Loin d’être honteux, Underworld est juste banal.