Un+Une
France, 2015
De Claude Lelouch
Scénario : Claude Lelouch
Avec : Jean Dujardin, Christophe Lambert, Elsa Zylberstein
Durée : 1h53
Sortie : 09/12/2015
Antoine ressemble aux héros des films dont il compose la musique. Il a du charme, du succès, et traverse la vie avec autant d’humour que de légèreté. Lorsqu’il part en Inde travailler sur une version très originale de Roméo et Juliette, il rencontre Anna, une femme qui ne lui ressemble en rien, mais qui l’attire plus que tout. Ensemble, ils vont vivre une incroyable aventure…
Enfin, serait-on tenté de dire. Enfin, Claude Lelouch a compris et écouté les critiques qui lui étaient faites depuis vingt ans. Enfin, il a abandonné ses aphorismes, mises en abîmes, discours sur le cinéma, délires hasardeux, tout ce qui plombait ses films depuis des années et pouvait en expliquer l’échec public et critique. Depuis Tout ça pour ça, et malgré les chiffres pas déshonorants de certains de ses films (Les Misérables et Hommes Femmes mode d’emploi tournent à plus d’un million d’entrées chacun), Lelouch n’avait pas réussi à convaincre et seule l’éclaircie de ses trois derniers films (Roman de gare, Ces amours-là, Salaud on t’aime), imparfaits mais traversés de fulgurances, était parvenue à rappeler le talent du fou de la caméra et de l’immense directeur d’acteurs qu’il avait toujours été. Avec Un+Une, il dégraisse, il épure, et, passées les cinq premières minutes quelque peu effrayantes, reconcentre son cinéma sur ce qui en faisait la force il y a déjà bien longtemps : ses personnages, et ceux qui les interprètent. Ici, Jean Dujardin, hilarant, et Elsa Zylberstein, lumineuse. Un homme et une femme, donc, comme toujours, qui se cherchent, se trouvent, s’aiment, se quittent, se retrouvent, on connaît la chanson, certes. Et pourtant, justement parce que Lelouch se concentre sur eux, le film fonctionne au-delà des espérances, transporte, émeut, divertit… Un film simple, mais jamais simpliste, qui joue avec ses spectateurs, lui lance de petits clins d’œil savoureux, comme si Lelouch souhaitait s’amender. Voir par exemple le petit aphorisme lancé par Christophe Lambert, immédiatement suivi d’un commentaire qui le décrédibilise. C’est comme ça qu’on aime ses films, à Claude : joyeux et émouvants à la fois. Des films humbles en forme de main tendue, qu’on espère suivie de retrouvailles chaleureuses avec le public. Vu le succès des premières projections publiques, ce pari semble d’ores et déjà gagné.