Un monde presque paisible

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Un monde presque paisible
France, 2002
De Michel Deville
Avec : Simon Abkarian, Lubna Azabal, Zabou Breitman, Clotilde Courau, Vincent Elbaz, Denis Podalydès
Durée : 1h33
Sortie : 18/12/2002

Note FilmDeCulte :

Août 1946. Des hommes et des femmes tentent de reprendre goût à la vie après avoir subi les horreurs de la guerre. Ils travaillent dans un atelier de confection à Paris sous les ordres de M. Albert.>

LA VIE EST BELLE

Après la lumineuse adaptation de La Maladie de Sachs, Michel Deville s'attaque à un autre monument de la littérature, Quoi de neuf sur la guerre de Robert Bober, Prix du Livre Inter 1994. Ancien assistant de François Truffaut, réalisateur de documentaires avec Georges Perec, l'écrivain d'origine juive décrit la France de l'après-guerre dans un roman autobiographique qui privilégie l'anecdote au récit linéaire. Film chorale centré sur un atelier de confection à Paris, Un monde presque paisible aborde pudiquement la vie après l'horreur nazie. Chaque personnage lève le voile sur son passé, le traumatisme des camps de concentration, la difficulté de reconstruire une identité après avoir vécu l'indicible. Malgré la bonne humeur qui règne dans l'atelier de confection, les survivants n'oublieront jamais les sacrifices passés, les morts et les disparus. Désespéré, Charles attend fébrilement des nouvelles de sa femme et de ses enfants déportés, Maurice s'oublie dans les bras de Simone, une jeune prostituée, un orphelin raconte quant à lui l'arrestation de ses parents. La vie continue mais la douleur reste intacte.

SHORT CUTS

Spécialiste de l'adaptation risquée, Michel Deville s'attaque à un double défi: restituer une époque rarement évoquée au cinéma et transformer l'évocation de souvenirs personnels en film construit et structuré. Hélas, peut-être trop respectueux du texte original, le cinéaste illustre plus qu'il ne met en scène la belle prose de Robert Bober. Les dialogues manquent de naturel, la reconstitution minutieuse sent le renfermé et certains personnages paraissent trop écrits. Le réalisateur de Péril en la demeure reste cependant un excellent directeur d'acteur. Simon Abkarian crève l'écran dans le personnage de M. Albert, patron intraitable mais profondément humain, Denis Podalydès confirme l'étendue de son registre en incarnant un homme blessé par la vie, loin de ses rôles comiques habituels. Imparfait mais attachant grâce à sa distribution, Un monde presque paisible n'atteint pas la qualité miraculeuse de La Maladie de Sachs ou de La Lectrice, les chefs-d'oeuvre du cinéaste.