Un jeune poète
France, 2014
De Damien Manivel
Scénario : Damien Manivel
Durée : 1h11
Sortie : 29/04/2015
À peine sorti de l’adolescence, Rémi rêve de devenir poète et d’enchanter le monde avec des vers bouleversants et inoubliables. À la recherche de l’inspiration dans la ville de Sète, sous un soleil accablant et avec pour seules armes un bic et un carnet, Rémi est bien décidé à écrire son poème... Mais par où commencer? Contempler longuement la mer? Grimper au sommet d’une montagne? Écouter le chant des oiseaux? Aller à la bibliothèque? Trouver sa muse? Dans les bars? Au cimetière? Sous l’eau? Et si tout cela ne fonctionne pas, alors boire, boire, boire encore jusqu’à ce que jaillisse l’étincelle.
ÉCRIT SUR DU VENT
Hong Sang-Soo deviendrait-il la principale influence asiatique du tout jeune cinéma français ? Après les tergiversations alcoolisées et la lose amoureuse des films de Sophie Letourneur, voilà qu’on retrouve comme un écho (volontaire ?) du maître coréen dans l’errance lunaire de ce premier film. Damien Manivel s’était déjà fait repérer avec ses courts métrages, notamment le superbe Un dimanche matin primé à la Semaine de la critique. Derrière ces titres limpides se cachent des films faussement simples, où ce qui semble d’abord se réduire à une captation documentaire se pare d’une poésie et d’une étrangeté singulières. A force de silence, la promenade d’un homme et d’un chien d’Une dimanche matin devenait par exemple un bouleversant moment de profonde solitude.
Rémi, apprenti poète maladroit, court après l’inspiration. Dans des cimetières, des musées, des verres d’alcool. Sa promenade dans une ville méridionale déserte, écrasée par le soleil, crée une certaine mélancolie, mais sa course reste avant tout molle et malhabile. Elle bascule même dans un léger burlesque inattendu. Celui d’un grand couillon d’ado dégingandé et bafouillant, incapable de s’asseoir sur un banc de manière franche et solide. Le reflet récalcitrant que lui renvoie le monde extérieur (techniques de drague embarrassantes, amis incapables de relire son écriture) crée un curieux mélange d’humour et de frustration. Mais cet équilibre, aussi prometteur soit-il, n’échappe pas aux pièges de la répétition. Une fois son amusante recette exposée, Un jeune poète peine en effet à faire évoluer son récit. L’ensemble finit par manquer de nerf et de relief, et par ressembler à un court métrage étiré en long. Dommage.