Un homme d'exception
A Beautiful Mind
États-Unis, 2002
De Ron Howard
Scénario : Akiva Goldsman
Avec : Paul Bettany, Jennifer Connelly, Russell Crowe, Adam Goldberg, Ed Harris, Christopher Plummer
Durée : 2h14
Sortie : 13/02/2002
John Forbes Nash entre à l'université de Princeton avec l'ambition de créer une nouvelle théorie, une vraie idée originale, et se faire ainsi un nom dans l'univers des mathématiques à l'issue de la Seconde Guerre Mondiale. Il doit cependant lutter avec sa schizophrénie paranoïaque qui détruit peu à peu son monde.
Il ne fait aucun doute que l'histoire de John Nash, grand mathématicien qui se révéla être un psychotique avant d'obtenir le prix Nobel, est très intéressante. Le livre dont est adapté le film serait même, parait-il, excellent. À l'annonce du projet, avec Russell Crowe dans le rôle principal, on pouvait déjà rêver d'une prestation aussi intense que celle qu'il livrait dans Révélations, également inspiré de faits réels. C'était oublier qu'à la barre n'était autre qu'un pur film-maker, Ron Howard, certes pas le plus "pourri" par le système, mais loin de ce qu'on pouvait espérer: un réalisateur aux films plus personnels, quelqu'un qui aurait pu se réapproprier au mieux le sujet. Au lieu de ça, le scénario est signé Akiva Goldsman, responsable des désastreux Batman et Robin et Perdus dans l'espace. Dès lors, le projet ne démarrait pas sous les meilleurs auspices, et le résultat final se trouve être en accord avec ces craintes. Le tout reste trop lisse, on ne pénètre que trop superficiellement dans l'esprit et donc dans la folie du personnage. Là ou il aurait été intéressant d'explorer pleinement ce qu'annonce le slogan ("Il voyait le monde d'une manière que personne ne pouvait imaginer"), de quelque sens que ce soit, le film dure et dure encore, préférant se répéter ou se perdre dans d'inutiles séquences plutôt que d'être exhaustif et de montrer au mieux les choses.
On s'étonne alors de la nomination d'un film si faible aux Golden Globes (et probablement aux Oscars) mais au contraire, c'est la que réside toute l'explication de ce gâchis évident. Le film préfère se calibrer à tel point qu'il offre des codes qu'il serait capable de parodier. Avec Russell Crowe dans le rôle de l'homme torturé ou Jennifer Connelly dans le second rôle ultra-convenu de la femme qui soutient son dérangé de mari, le film ne permet même pas aux acteurs d'exercer au mieux leur métier. Des traits trop grossiers, une direction d'acteurs inexistante, font que même cette mine d'or pour acteur est gaspillée, et Crowe ne donne pas ici tout ce qu'il peut. On ne peut donc même pas se rabattre sur les performances, encore moins sur la mise en scène. Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes, ou presque. Howard signe une réalisation efficace mais inintéressante, à l'image du métrage. Alors qu'il aurait pu s'agir ici d'un grand film, on a à faire a une vulgaire biopic qui permettra peut-être à Crowe de décrocher quelques prix de plus, et à Jennifer Connelly un retour en force (après l'amorce en douce de Requiem for a Dream et avant le blockbuster Hulk).