Un été italien
Genova
Royaume-Uni, 2008
Scénario : Laurence Coriat, Michael Winterbottom
Avec : Hope Davis, Colin Firth, Perla Haney-Jardine, Willa Holland, Catherine Keener
Photo : Marcel Zyskind
Musique : Melissa Parmenter
Durée : 1h34
Sortie : 15/04/2009
Décidé à changer de vie en quittant les Etats-Unis, Joe choisit de s’installer à Gênes avec ses deux filles, peu après la mort accidentelle de Marianne, leur mère. Kelly, l’aînée, visite les dessous de ce nouveau monde alors que Mary est confrontée au fantôme de Marianne.
UN SEUL ETRE VOUS MANQUE ET TOUT EST A REAPPRIVOISER
L’intimité lui va si bien. Michael Winterbottom s’engage avec réussite sur le sentier du "petit" film intimiste avec Un été italien. Une caméra à l’épaule, tournant en séquence, de nouveau en équipe réduite, il suit le retour à la normalité d’une famille amputée brutalement par le deuil. Celui-ci n’est pas moins pénible au soleil et l’émotion perce brutalement la pellicule pour s’insinuer sous la peau. Une mère est morte. Une épouse. Des pleurs déchirants de douleur sillonnent désormais les nuits de Mary. Kelly n’a qu’à fermer les yeux, emportée sur un scooter, pour se retrouver dans la voiture qui deviendra le tombeau de sa mère. Joe est écrasé de chagrin mais fait courageusement face pour ses filles, notamment sa petite Mary, qui porte le plus écrasant des fardeaux. Pas de pathos, pas de surenchère, mais une place désormais inoccupée dans un lit, le deuil dans son atroce réalité. Ce qui fait la force du film du réalisateur britannique c’est un récit simple, beau et touchant ; une histoire personnelle pour lui qui a également deux filles, peut-être le scénario pour lequel il est allé le plus puiser dans sa propre expérience. Cette histoire, aussi bien écrite soit-elle, fonctionne grâce a un excellent casting. Colin Firth en tête, très juste en père dépassé par les évènements qui ne sait plus comment il doit gérer cette nouvelle donne. Michael Winterbottom n’évite pas les longueurs mais sait les compenser avec des scènes qui les font passer au second plan. Pour n’en choisir qu’une, une séquence à la plage entre père et fille sur la musique de Lemon Incest de Serge Gainsbourg accompagné de sa fille Charlotte, et c’est la virtuosité qui est doucement frôlée. Le réalisateur est passé maître dans l’art de combiner la musique aux images et ce nouveau film ne fait pas exception à cette règle avec les accents lancinants du piano, qu’enseignait Marianne, qui donne une présence sonore au deuil. Elle survit un peu en la musique que continuent de jouer ses filles. La vie continuera.