Un crime dans la tête

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Un crime dans la tête
The Manchurian Candidate
États-Unis, 2004
De Jonathan Demme
Scénario : Dean Georgaris, Daniel Pyne
Avec : Kimberly Elise, Liev Schreiber, Meryl Streep, Jon Voight, Denzel Washington
Durée : 2h10
Sortie : 03/11/2004

Note FilmDeCulte :

Dans la dernière ligne droite vers la Maison Blanche, l’attention est en grande partie portée sur le jeune candidat à la vice-présidence, Raymond Shaw, devenu héros quelques années plus tôt après la Guerre du Golfe. Pourtant, le major Bennett Marco, qui dirigeait sa patrouille, ne parvient pas à se souvenir clairement de cette nuit qui a valu à Shaw sa Médaille du Congrès. Marco, dont les nuits sont perturbées par d’étranges cauchemars, décide de reprendre contact avec Shaw pour mettre l’affaire au clair.

LA VERITE SUR RAYMOND

Après sa vérité bien à lui sur Charlie, et son étrange exploration Nouvelle Vague du Charade de Stanley Donen, Jonathan Demme rempile pour un remake détraqué. Voici donc Un crime dans la tête, relecture du film homonyme de John Frankenheimer, réalisé en 1962, avec Denzel Washington en lieu et place de Frank Sinatra, et une Guerre de Corée échangée contre celle du Golfe. Le réalisateur, en marchant sur les traces d’une œuvre déjà existante, ausculte également ses propres réminiscences. Un homme noir, marchant dans un couloir drapé d’une lumière rouge, et Demme de reproduire une scène de Beloved, sa fresque déroutante adaptée du roman de Toni Morrison. Paul D (Danny Glover) qui avance dans le couloir d’une maison hantée, comme Bennett Marco (Denzel Washington) progresse dans un même corridor incandescent, attiré par une lumière voisine et chancelante, celle du souvenir qui s’accroche de toutes ses dents. Une cicatrice qui ne donne pas son nom, hier un sentiment (le fantôme de Beloved n’est que tristesse), aujourd’hui une énigme de l’inconscient, réprimée jusqu’aux rêves les plus sombres.

COUP DE TETE

Dans Beloved, il était question de mémoire hantée, avec ces personnages qui, face caméra, s’adressent à leur interlocuteur comme à un spectre poussé hors du cadre. Une présence fantastique, vaudoue, immatérielle. Un crime dans la tête fonctionne sur le même type de mise en scène, mais le ton et le but diffèrent quelque peu. Demme parle également d’une présence autre, mais plus mystique, paranoïaque. Le réalisateur filme son thriller politique comme un étrange récit fantastique, avec ses hypnoses de sorcières et ses cauchemars enfouis. Une paranoïa aux vibrations diffuses, venin d’un film au rythme lent, porté crescendo, tout droit vers un dénouement au suspens électrique. Denzel Washington, figure centrale habitée, est au diapason avec un long métrage inclassable qu’il éclaire avec force, entouré d’excellentes partenaires comme Meryl Streep ou Kimberly Elise. L’envergure des complots politiques prennent chez Jonathan Demme des allures d’une trouble tragédie grecque, quasi surnaturelle, hypnotique et décousue, qui confirme en tout cas la personnalité et la sensibilité à part de son auteur.