Un Barrage contre le Pacifique
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France, 2008
De Rithy Panh
Scénario : Marguerite Duras, Michel Fessler, Rithy Panh d'après Un barrage contre le Pacifique
Avec : Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel
Photo : Pierre Millon, Marc Marder
Sortie : 07/01/2009
Une mère, roulée par l’administration coloniale qui lui a cédé au prix de toutes ses économies des rizières incultivables car inondées par les grandes marées de l’Océan Pacifique, essaye de survivre avec ses deux enfants Joseph, 20 ans et Suzanne, 16 ans, au milieu de cette concession temporaire, sans cesse menacés d’en être expulsés par l’administration du cadastre. L’énergie et l’espoir sont la raison de vivre de cette mère qui calcule, combine, avec une sorte de folie méticuleuse, rusée et lucide, tant elle a peur du départ définitif – qu’elle sait en fait inéluctable – de ses enfants.
Une histoire cambodgienne
Documentariste réputé (S21, la machine de mort khmer, le cinéaste cambodgien Rithy Panh s'attaquait à un Everest de la littérature française, l'adaptation d'un illustre roman autobiographique de Marguerite Duras situé dans l'Indochine coloniale, Un Barrage contre le Pacifique. Jean-Jacques Annaud avait déjà relevé le défi, avec L'Amant, en 1992, mais les amoureux de l'écriture durassienne avait hurlé au parjure éhonté. Rithy Panh n'a pas affronté le même tollé de la critique. Il a pour lui une légitimité historique à se saisir des affres de Mme Donnadieu et une véritable humilité dans la démarche artistique. Le meilleur de son adaptation réside d'ailleurs dans les moments en creux, de la petite musique familiale aux gestes du quotidien réalisés par du personnel de maison. Moins à l'aise dans l'exposé d'une passion calculée entre la jeune Suzanne à son amant, le réalisateur filme aussi la révolte qui gronde au sein du peuple khmer, mais dans un registre plus personnel qu'Indochine de Régis Wargnier. De plus en plus captivant au fil du métrage, Un Barrage contre le Pacifique émeut sur la fin, grâce à la qualité de l'interprétation d'Isabelle Huppert et à la trouvaille de Rihty Panh. En filmant aujourd'hui le rêve réalisé de Mme Donnadieu, les "rizières de la Dame Blanche", il rend le plus bel hommage aux oubliés du colonialisme, simples pions balayés par l'histoire.
