Étrange Festival: Ugly
Hanna, une Autrichienne, est immobilisée dans un lit d’hôpital suite à un accident de voiture. À ses côtés, son conjoint Jura, un Ukrainien dévoré de culpabilité : il conduisait lorsque survint l’accident...
LES BEAUX DÉGÂTS
Le précédent film de l'Ukrainien Juri Rechinsky était un documentaire intitulé Sickfuckpeople. Un titre qui serait allé comme un gant à son premier long métrage de fiction, Ugly, déjà remarqué au dernier Festival de Rotterdam. Ce film s'ouvre par une scène qui donne à la perfection le ton de ce qui va venir : une douche froide (ou chaude?) qui semble horrible (ou agréable ?). Difficile de se faire une idée définitive tandis qu'enfle un malaise drôlatique qui nous rappelle un autre cinéaste...
Car Ugly est coproduit par l'Autrichien Ulrich Seidl, qui n'a pas son pareil pour sonder la complexité humaine à base de malaise et d'humour très noir. Si Seidl n'est intervenu qu'en fin d'un projet alors en difficulté de financement, il plane sur Ugly le spectre de Seidl avec les présences de son directeur de la photographie Wolfgang Thaler ou d'une de ses actrices récurrentes, la téméraire Maria Hofstätter.
Ugly est peuplé de visions absurdes, traversées d'est en ouest par ces « cadavres vivants » plongés dans une réalité terrible. Visuellement puissant, le film parvient à décoller du réel et l'on a parfois le sentiment d'être dans les flammes des limbes. Ugly est un récit glaçant sur une détresse et une marginalité titubantes – et lorsqu'une vieille se met à jouer de l'accordéon lors d'un moment dantesque (peut-être la meilleure scène d'accordéon de l'histoire du cinéma ?), on ne sait plus si de cette horreur on doit rire ou pleurer.