U.V.
France, 2006
De Gilles Paquet-Brenner
Scénario : Gilles Paquet-Brenner, Lolita Pille d'après d'après l'oeuvre de Serge Joncour
Avec : Anne Caillon, Nicolas Cazalé, Jacques Dutronc, Pascal Elbé, Marthe Keller, Alexis Loret, Laura Smet
Photo : Diego Martinez Vignatti
Musique : Aude Brenner, Roger Eon, Alban Schafer
Durée : 1h42
Sortie : 30/05/2007
Une villa sur une île, au plus fort de l'été. Un jour, Boris surgit. Il vient rendre visite à Philip, son vieil ami de lycée. Seulement Philip n'est pas là. Il n'arrivera que demain, après-demain au pire, on ne sait pas. Courtois, homme avisé et sûr de lui, Boris s'installe. Très rapidement, il se fond dans le décor et s'avère être le convive parfait, l'élément distrayant. Ravis, charmés et même manipulés à leur insu, tous se laissent happer par son terrible pouvoir de séduction.
HARRY, UN AMI QUI VOUS VEUT DU BIEN
Il est toujours difficile de placer une intrigue principale pour mieux tirer l’histoire vers son antithèse. En cela U.V est révélateur d’une volonté bien tangible de la part de Paquet-Brenner de livrer tout autre chose qu’un énième et simple thriller. Avec cet exercice, on se sent très vite happé vers la satire sociale et la comédie de mœurs alors que tout est axé et mis en place autour des codes du suspense. Ainsi le métrage ne cesse de se balancer entre conte cruel et malsain et scénario lancinant et contemplatif, mais malheureusement bien peu haletant. Car à force de tanguer entre les genres, les directions rentrent vite en conflit et le film a beaucoup de mal à s’ancrer définitivement dans une place bien définissable, laissant ainsi échapper une bonne partie du côté vénéneux du roman de Serge Joncour. Et comme ce problème n’est pas nouveau dans l’œuvre du réalisateur - le même constat d’opposition des genres était visible sur son Gomez et Tavares -, on est juste déçus qu’avec le temps, Paquet-Brenner n’ait pas réussi à tirer les leçons du passé. Reste tout de même que du côté des comédiens, on s’en sort vraiment mieux puisque avec le trio Elbé, Dutronc et Smet, on arrive à croire sans problème à l’existence de cette famille trop propre pour être honnête. Plus de doute seront par contre émis quant au jeu de Nicolas Cazalé, qui paraît hésitant dans certaines de ses attitudes malgré son rôle et son physique d’élément catalyseur qui va faire jaillir les failles de cette cellule familiale. Reste donc un film mi-figue mi-raisin qui, même s’il paraît avoir des intentions entièrement légitimes, peine à instaurer et assumer pleinement cette ambiance moite dont il aimerait tant s’affubler. Et même si la chair est faible et que les corps sont brûlants l’esprit global reste tout de même un peu embrumé.