Turning Gate

Turning Gate
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Turning Gate
Saenghwalui balgyeon
Corée du Sud, 2002
De Sang-Soo Hong
Scénario : Sang-Soo Hong
Avec : Kim Hak-sun, Ye Ji-won, Kim Sang-kyung, Chu Sang-mi
Durée : 1h55
Sortie : 28/01/2004
Note FilmDeCulte : ****--

Spleen existentiel et amoureux pour Gyung-soo, un jeune comédien dont la carrière ne décolle pas. Après un dernier échec, il décide d’aller rendre visite à un vieil ami écrivain.

LES DEMONS A MA PORTE

2003 fut marquée entre autre en France par la découverte d’un cinéaste coréen à la sensibilité particulière en la personne de Hong Sang-soo. Trois films sortis coup sur coup, aux titres mystérieux évoquant des cochons tombés dans des puits, des provinces qui distillent un pouvoir envoûtant ou vénéneux, une vierge mise à nue par ses prétendants. Des constructions narratives déconcertantes, leurs couloirs qui se croisent, leurs pauses et leurs pas à rebours au rythme de valses-hésitations. L’envie d’un cinéma non linéaire qui suit les courbes de ses personnages en forme de point d’interrogation, et arrive, à l’occasion, devant une porte tournante. Avec son nouveau film, Hong Sang-soo délaisse quelque peu la complexité de ses dispositifs narratifs, même si là encore, la narration obéit à ses tableaux hors d’un certain conformisme dans l’art de raconter. Le parcours de son marcheur, Gyung-soo, à la vie au ralenti et dont le visage bas se prêtait avec acuité à l’univers doux amer du cinéaste.

LA MARQUE DU SERPENT

Marqué dans sa jeunesse estudiantine par le cinéma de Bresson, Hong Sang-soo s’en fait un enfant lointain. Turning Gate étire ses scènes, ses silences, et en aspire leur profonde moelle cinégénique au gré de ses panoramiques aériens. Ceux-ci confèrent au film cette allure d’estampe coréenne défilant sous des yeux happés par leurs mouvements reptiliens. Le principe d’une narration par le simple mouvement, ou comment donner une perspective nouvelle à une situation en déroulant son cadre comme un parchemin. L’infinie délicatesse du cinéma du réalisateur coréen, et de cette porte tournante en particulier, réside en sa mise en scène du désir énigmatique, de la fragile captation du non dit, des volutes sentimentales. Gyung-soo interdit, et son plat chemin vers l’amour, Sun-young à la sensualité débordante, au comportement ambigu, et aux sentiments enfermés. Leurs tracés se sont d’ailleurs déjà croisés par le passé, peut être se recroiseront-ils encore. La force paisible et impassible de Hong Sang-soo tient probablement en ses bouts de ficelles qui dépassent le cadre strict du carton indiquant la fin, pour peut être se renouer (ou non) plus tard, une fois la lumière rallumée.

par Nicolas Bardot

En savoir plus

Voici la légende qui inspira son titre à Turning Gate :

« Un jeune roturier se languissait d’amour pour la fille de l’Empereur Taejong de Chine. Fou de rage, le roi le décapita. Mais ce roturier se réincarna en serpent. Il s’enroula autour de la princesse. Elle était sur le point d’étouffer. Alors, un prêtre taïoste lui dit d’aller au Temple Chungpyung en Corée. Elle y alla. Devant le Temple, elle dit au serpent : « Je vais chercher à manger, attends moi ici ». Elle entra dans le temple et ne revint pas. Le serpent voulut entrer. Alors il y eut du tonnerre, des éclairs et de la pluie. Effrayé, le serpent s’enfuit. La porte devant laquelle il se retourna fut appelée La Porte Tournante. »

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