Turbulence des fluides (La)

Turbulence des fluides (La)
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Turbulence des fluides (La)
France, 2002
De Manon Briand
Scénario : Manon Briand
Avec : Geneviève Bujold, Pascale Bussières, Julie Gayet, Jean-Nicolas Verreault
Durée : 1h55
Sortie : 11/12/2002
Note FilmDeCulte : **----

Alice Bradley, une jeune sismologue exilée au Japon, est envoyée en mission au Canada, son pays d'origine, dans sa ville natale, Baie-Comeau. Elle doit y étudier un phénomène étrange: la disparition de la marée. Là-bas, elle retrouve son amie d'enfance et s'amourache d'un pilote de canadair. Peu à peu, son étude prend des allures d'enquête mystérieuse tournant autour d'un lourd secret gardé par la population.

A la source du film La turbulence des fluides, il y a un scénario de Manon Briand d'une grande ambition. Avec un titre prometteur, et un pitch de départ aussi original que personnel, le projet ne pouvait que trouver grâce aux yeux des producteurs et acteurs. Pourvu d'un scénario solide et d'idées poétiques, le film avait un réel potentiel, et la présence d'actrices comme Geneviève Bujold, Pascale Bussières et Julie Gayet, habituées aux films exigeants (Un 32 août sur Terre, La Confusion des genres, Faux semblants...), pourrait rassurer le spectateur quant à la qualité du métrage. D'un point de vue purement technique, tout est en effet impeccable, et plus particulièrement la photographie, qui souligne les somptueux paysages de cette plage sur laquelle la marée a disparu, remplacée par des golfeurs trop heureux d'avoir un nouveau terrain de jeux. Quant à la mise en scène, s'appuyant sur une fine dualité entre le rationalisme et le mystique, elle fait naître une vision de l'existence d'une sensibilité excessive. La réalisatrice Manon Briand illustre cette conception notamment grâce à la vision de l'enfant qui, chaque nuit, rejoint inconsciemment sa mère défunte. Une jolie idée, mal relayée par la stupidité de l'ensemble.

Tout était réuni pour que le film soit réussi et original. Encore aurait-il fallu que le caractère Bessonien, associé à quelques incohérences et lourdeurs, ne tirent pas incontestablement le film vers la médiocrité. Quelques personnages pathétiques, un humour au raz des pâquerettes, certaines situations incohérentes ou ridicules, des figures de style "djeuns"... Surprise, en étudiant d'un peu plus près la fiche technique du film, on s'aperçoit que le nom du nabab français responsable des Taxi et autres crétineries hexagonales apparaît justement au poste de coproducteur. Pas de doute, nous sommes bien en présence d'une authentique production Besson, au caractère certes plus poétique et original, mais au final aussi facile et démagogique. Un exemple parmi tant d'autres: le film abordant principalement le thème de la marée, la réalisatrice s'est senti obligée de ré-expliquer ce phénomène d'attraction par l'intermédiaire d'une enfant de cinq ans. Une formule d'une telle bassesse est si offensante pour le spectateur, que l'on pourrait presque croire qu'elle est due à Luc Besson, le producteur français le plus habitué à de telles facilités scénaristiques. Ne faisons pas de procès d'intention, mais regrettons simplement que la réalisatrice, quelles que soient ses raisons et ses engagements, se soit sentie obligée de niveler par le bas un projet à ce point séduisant.

par Yannick Vély

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