Etrange Festival: Turbo Kid
The Kid, un orphelin timoré qui tente de survivre dans les ruines d’un monde en déliquescence, va devoir affronter le terrible Zeus et sa horde de barbares, pour sauver la belle Apple.
RAINBOW WARRIOR
Le revival 80, c’est bien ! Ça permet d’exprimer sa nostalgie en toute liberté, de passer des soirées au son de Kim Wilde, A-Ha et Europe et de (re)mater en boucle les chefs d’œuvres de la glorieuse décennie en portant des t-shirts vintage. Et depuis quelques années, cette tendance kitsch s’est aussi emparée du ciné, permettant ainsi à une belle brochette d’aspirants réalisateurs trentenaires de jouer sur la corde sensible de leur génération et de se taper des délires à base de décors cheaps, de costumes hommages et de pop rock à la Glenn Frey avec comme étendard un second degré assumé et revendiqué. Bref, le même revival que le grindhouse il y a quelques années. Sauf qu’aujourd’hui la brèche commence à être sérieusement embouteillée et que ce renouveau du genre entame déjà sa chute. De là à dire que ce Turbo Kid arrive déjà trop tard, il n’y a qu’un pas qu’on peut franchir aisément. Tiré d’un court métrage qui avait été proposé par le collectif RKKS (regroupant les trois réalisateurs) pour le segment T de l’anthologie ABCs of death, T is for turbo rebaptisé Turbo kid a très vite connu une vie indépendante et l’objectif d’une version longue a logiquement germé. Ce long-métrage, le voilà aujourd’hui grâce à quelques producteurs téméraires (dont Jason “Hobo with a shotgun“ Eisener) charmés par l’essai mais surtout grâce à différents internautes tout autant emballés par le court-métrage et qui ont choisi d’aider à monter financièrement ce projet participatif.
Super 8 de la série B, Turbo kid le long a donc lui aussi sorti le grand jeu. Décor à la X-OR, costumes à la Captain Power, un héros sous forme de Goonies en BMX habillé comme Bomberman, matte painting à gogo et présence d’un comédien iconique de l’époque (Michael Ironside cabotin comme jamais mais qui aurait pu être remplacé par Lance Henriksen, Bruce Campbell ou Rutger Hauer) et enfin une promo au design VHS, tout a été pensé et mis en place pour légitimer ce qui aurait pu/dû être l’ultime projet du genre. Sauf que RKKS a juste oublié de nous pondre un script digne de ce nom. Car oui, si l’emballage est bien là (à quelques défauts près comme l’utilisation de drones ou de go-pros et une musique electro pop essayant de singer le son Bontempi mais se retrouvant plutôt à copier le College et les Chromatics de Drive), le squelette même de ce post-apo cheap saupoudré d’un côté gore potache est loin d’être des plus solides. Le scénario se contente d’être à peine une version grossièrement améliorée de T is for Turbo. Et quand on passe la moitié du film à observer les artifices et à trouver un écho personnel dans les accessoires plutôt que de se laisser embarquer dans l’histoire c’est qu’il y a comme un problème. Turbo kid version 2015 a peut-être eu les yeux plus gros que le ventre. D’autant qu’il y a quelques mois, un projet du même acabit (le bien nommé Kung Fury) a eu la présence d’esprit de ne durer que 30 minutes tout en proposant quelque chose de plus abouti. Turbo kid est un pétard qui n’est pas complètement mouillé mais un feu d’artifice qui n’explose pas bien loin.