Truands
France, 2006
De Frédéric Schoendoerffer
Scénario : Yann Brion, Frédéric Schoendoerffer
Avec : Philippe Caubère, Béatrice Dalle, Benoît Magimel, Olivier Marchal, Anne Marivin, Mehdi Nebbou, Tomer Sisley
Photo : Jean-Pierre Sauvaire
Musique : Bruno Coulais
Durée : 1h47
Sortie : 17/01/2007
Franck est l’homme de confiance de Claude Corti, l'un des parrains du grand banditisme parisien. Lorsque Corti est envoyé en prison, toutes les alliances qu’il avait mises en place commencent à se déliter…
DANS LA TÊTE DES TUEURS
Après les flics étaient venus les Agents secrets, voici maintenant les gangsters. Frédéric Schoendoerffer complète avec Truands ce qui ressemble fort à une trilogie inaugurée avec Scènes de crimes. Dans chaque film, la même volonté de s’attaquer à des personnages traditionnellement caricaturés au cinéma en les abordant sous un angle réaliste, documentaire, mais esthétiquement soigné. Ici, c’est à travers une lutte de succession autour d’un gros bonnet de la pègre parisienne que l’intrigue se noue. Claude Corti en prend pour trois ans, et autour de lui ses sous-fifres se livrent peu à peu à une bataille pour reprendre les rênes. Schoendoerffer opte pour une narration relativement déstructurée, planante, assez intrigante au début mais qui finit par devenir quelque peu systématique et enlève du mordant à l’intrigue. Dans le casting on compte justement Olivier Marchal, ancien flic devenu réalisateur-acteur, dont le 36, Quai des Orfèvres réussissait mieux la fusion d’une description réaliste d’un univers avec une vraie charpente narrative. Schoendoerffer, dans sa plongée au cœur des ténèbres, semble prendre un réel plaisir à décrire le mode de vie des bandits: putes, drogue, meurtres, torture, la totale.
ATTENTION BANDITS !
C’est justement ce qui surprend d’emblée dans le film par rapport au projet d’origine: Schoendoerffer, qui est vraisemblablement bien renseigné, semble assumer une approche volontairement caricaturale de ses personnages, sans doute validée par ses recherches sur le sujet, mais néanmoins surprenante. Par une accumulation de scènes courtes, certaines assez extrêmes, dures, d’autres risibles, Truands semble s’extraire à ses risques et périls du carcan un peu trop propre et soigné dans lequel il s’insérait. Le personnage de Corti, qui marque le retour au cinéma de Philippe Caubère, est montré avec une emphase et un jusqu’au-boutisme dans la caricature du caïd qui est extrêmement casse-gueule, mais qui finit par en devenir presque attachant. Tout le film semble osciller entre une volonté de captation détachée, et une certaine complaisance dans la mise en scène d’une violence meurtrière ou sexuelle très sèche. Réalisé pour un assez maigre budget par rapport à ses ambitions (4 millions d'euros), Truands parvient à traire ses ressources au maximum pour livrer un produit techniquement soigné. La distribution réunie par Schoendoerffer, si elle pourrait soulever des discussions sur certains points (Caubère en sur-régime, justement), est dans l’ensemble convaincante: parmi les performances marquantes, on retiendra la révélation de Mehdi Nebbou (entraperçu dans Munich) qui rayonne de charisme et d’assurance et se permet de voler la vedette dans chacune de ses scènes.