Trouble Every Day

Trouble Every Day
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Trouble Every Day
France, 2001
De Claire Denis
Scénario : Claire Denis, Jean-Pol Fargeau
Avec : Béatrice Dalle, Alex Descas, Nicolas Duvauchelle, Vincent Gallo, José Garcia, Tricia Vessey
Durée : 1h40
Sortie : 11/07/2001
Note FilmDeCulte : ***---

Shane et June, un couple américain, arrive à Paris pour leur voyage de noces. Shane semble ailleurs, soumis à d'étranges pulsions. Coré, femme mutique, erre dans un terrain vague totalement barbouillée de sang avant que Léo, docteur en banlieue, l'enferme de nouveau dans un appartement. Shane tente par tous les moyens de joindre Léo.

Trouble Every Day confirme les superbes qualités plastique des films de Claire Denis, où l'atmosphère prévaut sur la finalité. Ce nouveau climax arbore cette fois de vives couleurs rouge sang, sur fond d'histoire choc mêlant cannibalisme et passion dévorante. Particulièrement éprouvant avec notamment deux scènes difficilement surmontables, l'horreur de Trouble Every Day prend toute son importance dans sa sensualité "malaisante" distillée par l'envoûtante BO des Tindersticks et le mutisme des personnages (peu de dialogues) égarés dans un espace qui tend toujours à se réduire. L'esthétique, qui l'emporte hélas sur la dramaturgie, des images de l'extraordinaire chef opératrice Agnès Godard, fidèle collaboratrice de Denis, expose abruptement un mystère liant tous ces personnages, un suspense très flou dans ce huis clos dense où il se passe finalement bien peu de choses, si l'on excepte ces féroces scènes, effroyables car à fleur de peau. Encore une fois, le corps et la sensualité tiennent un rôle privilégié, transcendés par les physiques hors normes des instinctifs Béatrice Dalle et Vincent Gallo, expressions intenses du désir sexuel.

Cette représentation sanglante sublimée par une beauté profonde se transfigure cependant par son découpage aléatoire, prétexte à un mélange insolite où aucune émotion ne prend vraiment le temps de s'installer. À l'érotisme succède l'épouvante puis l'ennui devant des scènes interminables où de bons seconds rôles (Garcia à contre-emploi) semblent meubler un scénario trop intuitif où on aurait plus tendance à vomir qu'à désirer ces monstres pas assez humains perdant inutilement leur temps à vouloir nous envoûter au milieu de cette macabre hémoglobine.

par Yannick Vély

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