Tropa de Elite
Brésil, 2007
De José Padilha
Scénario : Bráulio Mantovani, José Padilha, Rodrigo Pimentel
Avec : Milhem Cortaz, Caio Junqueira, Fernanda Machado, Wagner Moura, André Ramiro, Maria Ribeiro
Photo : Lula Carvalho
Musique : Pedro Bromfman
Durée : 1h55
Sortie : 03/09/2008
Rio de Janeiro, 1997. Nascimento, capitaine de l’escouade d’élite BOPE, est choisi pour une mission de sécurité de la plus haute importance dans les bas-fonds de la ville, le territoire des dealers. Nouvelle qu’il accueille à contrecoeur, lui qui ne songe qu’à céder sa place afin de se consacrer à sa femme et l’enfant qu’elle va mettre au monde. Pour ce faire, il doit se trouver un successeur. Lors d’une opération, son équipe sauve deux jeunes recrues de la police qui, impressionnées par l’efficacité de l’escouade, décident de postuler pour se joindre à son rang. Ils devront passer par le camp d’entraînement où ils se feront remarquer par Nascimento, qui va devoir choisir entre les deux.
TOUTES LES VERITES SONT BONNES A DIRE
Considérant que Tropa de Elite, "grâce" à la piraterie, a déjà été vu par plus de onze millions de personnes avant sa sortie, qu’il a tout de même fait 2,4 millions d’entrées au Brésil, qu’il vient de remporter l’Ours d’or de la Berlinale 2008 et que la compagnie Weinstein est associée au projet, il ne fait aucun doute que le premier long métrage de José Padilha devrait connaître une distribution conséquente. Mieux vaut être prévenu, il s’agit plus d’une descente dans l'un des cercles de l’enfer que d’une promenade de santé. La violence est omniprésente à la suite de l’escouade d’élite BOPE dont la devise pourrait être "on tire d’abord et on discute après". La violence appelant la violence, la mort est en embuscade à chaque coin de rue, face caméra. Hommes, femmes, enfants, pas de quartier quand il s’agit de faire régner l’ordre. Car malgré les apparences, c’est ce dont il s’agit, l’escouade d’élite BOPE est du côté de la loi. Dans les rues de Rio de Janeiro cela dit pas de manichéisme, le monde y est gris et le policier corrompu. Ainsi la voix off du capitaine Nascimento au début du film : « Il existe trois sortes de policiers : ceux qui sont corrompus, ceux qui ferment les yeux et ceux qui entrent en guerre. ». Ce que le réalisateur expose aux spectateurs à travers l’expérience des deux nouvelles recrues de la police, qui vont bien vite comprendre le mode de fonctionnement interne des différents services.
Le résultat est radical, monté de façon très nerveuse et servi par une caméra à l’épaule un peu trop omniprésente, renforçant le côté documentaire du film. Car si Tropa de Elite est effectivement une fiction, il a pour but avoué de mettre des images sur ce qui se passe vraiment dans les rues de Rio de Janeiro et les rangs de la police. On pourra reprocher quelques faiblesses du scénario (la naissance du fils du capitaine pile à la fin d’une opération) et le jeu parfois outrancier de Wagner Moura mais pas le côté extrême et apparemment caricatural du film. José Padilha n’a pas pour ambition de faire la morale, il se contente de décrire les faits et, effectivement, personne ne ressort sans éclaboussure. Une authenticité confortée par les difficultés et autres menaces qui ont pavé la longue et difficile route du métrage, mais aussi et surtout par la présence de Rodrigo Pimentel, ancien capitaine du BOPE, à la co-écriture du scénario.