Les Trois prochains jours
Next Three Days (The)
États-Unis, 2010
De Paul Haggis
Scénario : Paul Haggis
Avec : Elizabeth Banks, Russell Crowe
Photo : Stéphane Fontaine
Musique : Danny Elfman
Durée : 2h13
Sortie : 08/12/2010
John Brennan, sa femme Lara et leur enfant vivent un bonheur sans nuage, jusqu'au jour où elle est arrêtée pour un meurtre qu'elle nie avoir commis. Trois ans après sa condamnation, John se débat pour préserver l'unité de sa famille, élevant seul leur fils, tout en se démenant pour prouver l'innocence de sa femme. Lorsque leur dernière tentative d'appel échoue, Lara s'enfonce dans la dépression au risque de mettre fin à ses jours. John n'a plus qu'une seule solution pour sauver sa femme : la faire évader. Malgré son inexpérience, John plonge dans les eaux troubles et dangereuses de l'illégalité et se lance dans l'opération de la dernière chance.
POUR LUI
Alors que Fred Cavayé sort son deuxième long métrage (A bout portant), le remake de Pour elle, son premier film, sort en salles tout juste une semaine après. Écrite et mise en scène par Paul Haggis qui continue sa carrière de faiseur moyen, cette nouvelle version trop récente, donc sans doute inutile, a au moins le mérite de ne pas refaire les erreurs commises par le cinéaste sur ses deux premières réalisations. Purs films de scénariste - Haggis a tout d'abord œuvré en tant que tel pour Eastwood ou James Bond - Collision et Dans la vallée d'Elah faisaient état d'un didactisme inhérent aux genres qu'ils abordaient, le film choral et la guerre au Moyen-Orient. En optant cette fois-ci pour un pitch débarrassé de toute intention de discours, Haggis signe un faux polar qui sort un peu du lot en s'intéressant davantage à l'humain au cœur de l'intrigue. Campé par un Russell Crowe une fois de plus absolument excellent, qui plus est dans un rôle à contre-emploi loin des flics, gladiateurs, capitaines, cow-boys et journalistes qu'il a interprétés jadis, ce protagoniste est le principal atout du film. L'acteur, bouffi et avachi, est un parfait point d'ancrage qui, accouplé aux astuces "à la portée de tous" présentées au héros par le scénario, permet à l'intrigue de vêtir un aspect quelque peu plus réaliste que les habituels plans d'évasion remarquablement huilés de ce genre de film. Le récit pourrait paraître abracadabrantesque et mille fois vu si le personnage, et son interprète, n'étaient si humains et attachants. Au détour d'un plan qui s'attarde sur le regard triste d'un Crowe amoureux de sa femme emprisonnée ou sur sa nuque ensanglantée lors d'une séquence où tout bascule, Haggis parvient à souligner de manière habile ce caractère essentiel du film. Malheureusement, le reste du temps, la mise en scène est on ne peut plus fonctionnelle, sans réel éclat (si l'on excepte un coup de sang visuel le temps d'une très brève scène en voiture, formellement réussie mais à la limite de la surenchère ridicule dans le contexte). Pire encore, le dernier tiers, déjà plombant de par quelques grosses longueurs, retombe dans le piège de la lourdeur coutumière du scénariste, en explicitant une zone d'ombre qui faisait jusqu'alors la richesse de la thématique générale ("choisit-on de vivre dans un monde à nous, quitte à ce qu'il soit illusoire?"). Un épilogue policier totalement superflu et franchement pas finaud viendra même clouer ce cercueil. Si Les Trois prochains jours n'est pas exempt de qualités, il prouve néanmoins que Paul Haggis reste un cinéaste médiocre qui devrait se cantonner à écrire des scénarios de polars ou de James Bond.