Triplettes de Belleville (Les)

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Triplettes de Belleville (Les)
France, 2003
De Sylvain Chomet
Scénario : Sylvain Chomet
Avec : Jean-Claude Donda, Michel Robin, Monica Viegas
Musique : Benoit Charest, Mathieu Chedid
Durée : 1h20
Sortie : 11/06/2003
Note FilmDeCulte : *****-
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Elevée depuis l’enfance par sa grand-mère, Champion n’a qu’une seule passion: la bicyclette. Une passion qui le pousse tout naturellement sur les pistes du Tour de France où, à bout de souffle, il se fait enlevé par deux gangsters. Madame Souza et Bruno le chien partent aussitôt à sa recherche. Leur filature les conduit à Belleville, une immense cité abritant les fameuses triplettes, ces reines du swing à l’énergie dévastatrice.

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DELICATESSEN

Vingt-six minutes d’assaisonnements relevés, La Vieille Dame et les pigeons n’avait pas suffi à combler tous les appétits. Sylvain Chomet revient le ventre replet d’une aventure culottée et atypique. Confortablement installés devant leur poste de télévision, Champion et Mémé sont hypnotisés par les dandinements de trois étoiles de music-hall, les Triplettes de Belleville, avant d’être eux-mêmes aspirés par cette spirale bigger than life. Un "Hollyfood" de gratte-ciels arrogants, d’armoires à glaces impavides et de parrains en béret ivrognes. Une Amérique gloutonne aux allures de supérette, un pays de cocagne veillé par une Statue de la Liberté obèse, la main de la justice posée sur un hamburger. La traversée de Champion et de Madame Souza n’est pas innocente. D’une France en villégiature à une mégalopole hystérique, Sylvain Chomet emboîte gaillardement le pas de ses limiers improbables et force volontiers le trait sur la caricature. L’embonpoint des habitants de Belleville, comme celui des touristes américains de son court inaugural, est une nouvelle fois épinglée. Les clichés culinaires français ne sont pas épargnés: gangsters ratatinés et rubiconds au doux slogan ("in vino veritas"), octogénaires mangeuses de grenouilles aux méthodes de pêche expéditives.

LIVRE D’OR

Egratignant Mickey au détour d’un faire-valoir comique, Les Triplettes de Belleville évoque immanquablement la patte artisanale des premiers Disney. Les tonalités ocre du Tour de France, les pavés bleutés en clair obscur n’ont rien à envier à l’ère Wolfgang Reitherman, maître d’œuvre de Merlin l’enchanteur, du Livre de la jungle ou des 101 Dalmatiens. L’animation impeccable et les ondulations de crayonnés cohabitent harmonieusement avec les rouleaux numériques d’un mémorable voyage en pédalo. Version corrosive des bonnes fées de La Belle au bois dormant, les triplettes louent un modeste deux-pièces dans une bicoque de prostituées, et dédient leur musée personnel à un impressionnant amoncellement de trésors. Chomet développe à travers ses héros obsessionnels un fétichisme de la collection et du souvenir: Champion et ses coupures de presse soigneusement triées, le salon des musiciennes célébrant le Tati de Jour de fête et des Vacances de Monsieur Hulot. Le meilleur des Triplettes… réside dans la méticulosité de ces recherches formelles et les rituels intrigants qui rythment une histoire à peine dialoguée. Les jeux de poulie aidant à l’entraînement de Champion et la démultiplication des figures symétriques participent à cette folie du détail.

BELLE EPOQUE

Sylvain Chomet décline un pittoresque poétique mettant à l’honneur les vedettes en perdition et les grands-mères retraitées. Mais surtout une personnalité unique face à la toute-puissance du nombre et d'une armée de sosies: Madame Souza, ange gardien au pied bot prête aux extravagances les plus intrépides pour le bonheur de son chérubin. Alors que le préambule laisse supposer une intrigue penchée sur la carrière prometteuse du petit garçon, le film ne fait que dévier de sa course initiale. L’attention de Chomet se détourne très vite de son champion aux yeux globuleux. Les Triplettes de Belleville propose moins une enquête policière qu’un regard attendri sur la fin d’une époque - celle de Joséphine Baker, de Charles Trénet ou de Django Reinhardt, autant de mythes entrevus par le biais de la lucarne. Sensible aux métamorphoses architecturales, le cinéaste observe l’avancée des machines et s’amuse à marier David et Goliath. Le pédalo contre le paquebot, le petit coureur métallique contre le train express, le véhicule de fortune contre une armée de rolls. Moins féroce que la satire sociale de ses bandes dessinées, le long métrage recense les petits riens essentiels. Sans chercher la performance à tous crins, Sylvain Chomet explore son propre rêve (cauchemar?) hollywoodien avant de retrouver la place douillette du spectateur.

par Danielle Chou

En savoir plus

Sylvain Chomet

Avant de se distinguer dans l’animation, Sylvain Chomet a gravi les habituels échelons d’une formation artistique: un baccalauréat d’Arts Plastiques en 1982, un passage éclair par les cours Duperré en section stylisme et expression visuelle en 1984, un diplôme de l’atelier BD des Beaux-Arts d’Angoulême en 1987. A vingt-trois ans, il publie Le Secret des libellules aux éditions Futuropolis. Avec Nicolas de Crécy, rencontré sur les bancs d’Angoulême, il adapte Bug-Jargal de Victor Hugo, un fragment de jeunesse sur la révolte des esclaves de Saint-Domingue. S’ouvrant à de nouvelles disciplines, Sylvain Chomet part pour Londres prêter main forte au studio d’animation de Richard Purdum.

Animateur free-lance dès 1988, il collabore à plusieurs campagnes publicitaires. En 1990, il revient s’installer à Montpellier, où il partage des locaux avec les dessinateurs Eric Larnoy, Hubert Chevillard, Corcal et Nicolas de Crécy. Il écrit pour Chevillard la série fantastique du Pont dans la vase et pour de Crécy, la trilogie caustique des Léon la came. Beau succès critique, le deuxième tome Laid, pauvre et malade recevra à Angoulême le prix Alph-Art du meilleur album 1998. Entre-temps, le scénariste réalise l’excellent court métrage d’animation La Vieille Dame et les pigeons sur un policier affamé déguisé en oiseau. Célébré dans tous les festivals, le court reçoit une nomination aux Césars et aux Oscars en 1998.

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