Le Trésor
Comoara
Roumanie, 2015
De Corneliu Porumboiu
Scénario : Corneliu Porumboiu
Durée : 1h30
Sortie : 10/02/2016
À Bucarest, Costi est un jeune père de famille accompli. Le soir, il aime lire les aventures de Robin des bois à son fils de 6 ans pour l’aider à s’endormir. Un jour, son voisin lui confie qu’il est certain qu’un trésor est enterré dans le jardin de ses grands-parents ! Et si Costi accepte de louer un détecteur de métal et de l’accompagner pendant une journée, il serait prêt à partager le butin avec lui. D’abord sceptique, et en dépit de tous les obstacles, Costi se laisse finalement entraîner dans l’aventure…
MY PRECIOUS
Personnalité singulière de la nouvelle vague du cinéma roumain qui a déferlé ces dix dernières années, Corneliu Porumboiu a été découvert avec 12h08 à l'est de Bucarest, lauréat de la Caméra d'or. Des années avant ce Trésor, 12h08 à l'est de Bucarest entamait un dialogue avec le passé et n'avait pas peur de tremper son apparente austérité dans l'humour. Le Trésor, présenté à Un Certain Regard, débute comme un drame social... mais son argument décalé place déjà le film sur les étranges rails de la fantaisie. Un père de famille plutôt tranquille est sollicité par son voisin au bord de l'asphyxie financièrement, et qui lui confie qu'un trésor est caché dans le jardin de ses grands-parents.
Une autre histoire d'improbable trésor a retenu notre attention en festivals il y a quelques mois: Kumiko, the Treasure Hunter, dans lequel une Japonaise (Rinko Kikuchi) se met en tête que le trésor qu'elle voit enterré dans un film a été enterré quelque part dans la réalité. Le film, encore inédit chez nous, faisait le portrait à la fois magique et amer d'une asociale. Le ton est très différent dans Le Trésor. La chasse est traitée au premier degré, avec toute l'absurdité que cela implique. Le film est de plus en plus cocasse, et de plus en plus drôle à force d'observer trois gus retourner un vieux verger qui aurait vu défiler toute l'histoire roumaine sans jamais dévoiler le trésor qu'il cache sous terre.
Sans avoir l'air d'y toucher, par le prisme d'un curieux fantasme, Corneliu Porumboiu traite du réel. On peut le faire de différentes façons, et celle choisie par le cinéaste est aussi surprenante qu'enthousiasmante. Les deux dernières séquences confirment la capacité du cinéaste à nous emmener où il veut, avec simplicité, et aboutissent à une poésie qu'on n'avait pas anticipée. Un peu comme son improbable générique de fin, fier comme Artaban et conclusion parfaite de ce feel-good movie.