Transporteur (Le)

Transporteur (Le)
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Transporteur (Le)
France, 2002
De Louis Leterrier
Scénario : Luc Besson
Avec : François Berléand, Doug Rand, Matt Schulze, Qi Shu, Jason Statham, Ric Young
Durée : 1h34
Sortie : 23/10/2002
Note FilmDeCulte : ***---

Frank est un transporteur. Conducteur hors pair, il livre des paquets d'un endroit à un autre avec un professionnalisme irréprochable. Il respecte ses propres règles. Ne jamais briser le contrat. Jamais de noms. Ne jamais ouvrir le colis. Cette fois-ci, il a ouvert le colis. Il a enfreint sa propre règle, et il va très vite le payer...

L'heure est venue pour une nouvelle production Besson. Depuis le succès phénoménal de Taxi, dont le 3e opus célèbrera les cinq ans, celui qui fut autrefois un auteur-réalisateur de talent représente l'aspect le moins glorieux du renouveau du cinéma de divertissement français. Là où certains s'efforcent d'œuvrer dans le film de genre, de façon plus (Le Pacte des loups) ou moins (Belphégor, Vidocq) réussie, Luc Besson n'a fait que réitérer sa formule créée en 1998, pour le pire. L'aspect putassier le plus caractéristique de ce schéma résidé dans le sort réservé à la police. Ciblant les "djeunz", ses productions montrent les représentants des forces de l'ordre comme de simples bouffons. Ils ne sont même pas des figurants comme ceux des films de Paul Verhoeven, qui sont là pour se faire descendre, mais sont tout simplement là pour se faire ridiculiser et amuser la galerie de jeunes moutons qui peuplent chaque année les salles. Ajoutez à ça un héros qui tombe dérisoirement dans la naïveté dès qu'il est confronté à une femme et vous avez là les stéréotypes bessoniens constamment présents dans les Taxi, Yamakasi, Wasabi et autres Baiser mortel du Dragon...Cependant, il reste un dernier élément récurrent à ces films : l'action. C'est généralement là que se situe le salut des "œuvres" suscitées. Seulement, l'action n'est pas toujours à la hauteur pour compenser la facilité et le simplisme des scénarios qui mènent à croire que Besson nous considère aussi stupides que les flics abrutis qui pullulent dans ses films.

On n'y échappera pas dans Le Transporteur, dernier né de l'écurie cinématographique pour le bétail de Besson. Les séquences se suivent sans qu'on y voit une véritable évolution. Les dialogues sont ridicules. La caractérisation et l'évolution des personnages sont sans aucune profondeur. Et c'est dommage, car on sent que visiblement aucun effort n'a été fourni pour écrire une histoire potable. On sait qu'il peut, mais il ne fait pas, et son erreur est de ne pas choisir d'offrir un spectacle entièrement décomplexé, à l'instar d'un Stephen Sommers (Un Cri dans l'océan, La Momie). On doit donc subir les scènes de dialogues pour accéder aux scènes d'action. Néanmoins, l'introduction n'est pas faite pour nous rassurer. Dans une séquence en référence à Taxi, on assiste à une poursuite en voiture d'une mollesse décevante, que quelques inserts de gros plans sympas sur les gestes très pros de ce chauffeur ne parviennent pas à sauver. Il faudra ensuite patienter un bon moment avant de pouvoir apprécier deux scènes de baston brèves et quelque peu chaotiques qui préfigurent le climax grandiose à venir. En effet, après encore quelques passages sans aucun intérêt malgré le charisme de Jason Statham (bien mieux employé que dans les piteux Ghosts of Mars et The One), le spectateur a droit à un enchaînement sans répit de quatre grosses scènes d'action, qui se situent parmi les meilleures de l'année. Composant le morceau de bravoure du film, les combats chorégraphiés par Corey Yuen (qui constituaient déjà le seul atout du Baiser mortel du Dragon) exploitent des lieux insolites (entre des containers, dans un bus, sur le siège avant d'un camion...) permettant au héros de déployer une force de frappe d'une violence jouissive! C'est dans ces affronts que figurent les meilleures idées de mise en scène, alliant quelques plans bien pensés à un montage parfaitement adéquat. Le reste du temps, Louis Letterrier s'arrange avec son chef opérateur pour filmer de jolies images vides de sens et pleines d'ennui. En dépit d'une conclusion évidemment ratée, Le Transporteur laisse le spectateur sur une bonne impression et constitue le moins mauvais des "produits Besson". Avec des scènes de "tatannes" de très bonne facture, perdues dans une intrigue indigne de ce nom, le spectateur en a (tout juste) pour son argent.

par Robert Hospyan

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