Trabalhar Cansa (Travailler fatigue)

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Trabalhar Cansa (Travailler fatigue)
Trabalhar Cansa
Brésil, 2011
De Marco Dutra, Juliana Rojas
Scénario : Marco Dutra, Juliana Rojas
Avec : Helena Albergaria
Photo : Matheus Rocha
Durée : 1h39
Sortie : 11/04/2012
Note FilmDeCulte : *****-
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Helena, jeune femme au foyer, décide de monter sa première affaire : une épicerie de quartier. Elle embauche alors Paula pour s'occuper de sa fille et de sa maison. Mais lorsque Otávio, le mari d'Helena, se retrouve au chômage,les relations entre les trois personnages changent soudainement. D'inquiétants événements commencent alors à menacer le commerce d'Helena.

LA SUPERETTE HANTEE

Derrière ce titre qu’on dirait tout droit sorti d’un reportage télé ou d'un documentaire de Pierre Carles, Travailler fatigue est au contraire un film des plus surprenants et improbables, placé très haut parmi ce que le Festival de Cannes a pu proposer de plus dingo cette année (année qui était pourtant riche en ovnis et films singuliers). Pourtant l’histoire est a priori des plus concrètes, ancrée dans un quotidien des plus tangibles : celui d’Helena qui, malgré des difficultés financières (son mari est au chômage), décide d’ouvrir une supérette de quartier. Ce début a beau être parfaitement réaliste, le film ne prend pas du tout la piste du discours social, et le ton général de Travailler fatigue vient s’enrichir peu à peu de directions complètement inattendues : d’abord le fantastique, et puis l’humour.

Car la supérette en question ne serait-elle pas maudite ? Comment expliquer autrement les curieux événements qui s’y déroulent, surtout la nuit tombée ? A moins que tout cela ne se passe dans la tête d’Helena ? Si Travailler fatigue est aussi curieux et enthousiasmant, c’est justement dans cette manière bien à lui de traiter le fantastique. Tout d’abord de manière très minimaliste, sans jamais user d’effets spéciaux. Tout reste en surface, laissé à l’interprétation du spectateur. Si le scénario multiplie les pistes (l’inquiétante femme de ménage, la fillette taiseuse, et d’autres encore….), tout reste d’une grande simplicité. Car le fantastique joue ici plus la carte du mystère à résoudre que de la menace parano, et surtout il ne sert pas de prétexte en carton pour traiter métaphoriquement d’un problème social ou politique (cf. Ne nous jugez pas). Car la deuxième surprise vient du fait que tout cela est effectivement traité avec beaucoup de fantaisie, comme si l’on était pas bien sûr qu’il faille rire ou trembler, à l’image de ce robot-père noël absurde qui se met en marche quand bon lui semble. Et pourtant cet humour n’empêche paradoxalement jamais de prendre le film au sérieux. Toutes ces tonalités parviennent à cohabiter dans chaque scène avec une excitante fluidité, sans jamais se marcher sur les pieds.

Sans rien spoiler, l’épilogue du film, qui vient surligner le sous-texte sociologique ironique de son titre, n’est pas ce qui convainc le plus. Mais à l’image de son titre, Travailler fatigue reste justement à la fois fort sympathique et mystérieux, une réussite d’autant plus remarquable qu’il s’agit ici d’une toute première œuvre. On attend donc maintenant avec impatience des nouvelles de ces deux réalisateurs.

par Gregory Coutaut

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