Tout simplement noir
France, 2020
De John Wax, Jean-Pascal Zadi
Scénario : Kamel Guemra, Jean-Pascal Zadi
Avec : Caroline Anglade, Ramzy Bédia, Stéfi Celma, Jonathan Cohen, Vikash Dhorasoo, Eriq Ebouaney, Fabrice Eboué, Fary, Lucien Jean-Baptiste, Eric Judor, Mathieu Kassovitz, Joey Starr, Ahmed Sylla, Jean-Pascal Zadi
Photo : Thomas Bremond
Musique : Christophe Chassol
Durée : 1h30
Sortie : 08/07/2020
JP, un acteur raté de 40 ans, décide d’organiser la première grosse marche de contestation noire en France, mais ses rencontres, souvent burlesques, avec des personnalités influentes de la communauté et le soutien intéressé qu’il reçoit de Fary, le font osciller entre envie d’être sur le devant de la scène et véritable engagement militant...
BLACK LAUGHS MATTER
D'aucuns pourraient entamer leur critique en soulignant la coïncidence entre les événements récents liés au mouvement Black Lives Matter et la sortie de Tout simplement noir, malheureusement le hasard est amoindri par la triste répétition d'une Histoire qui ne change jamais et condamne tout film sur la question à demeurer pertinent. Toutefois, s'il montre le racisme institutionnalisé, le film n'en fait pas son principal sujet. On pouvait craindre l'aspect fauxcumentaire tant il sert souvent de prétexte à une succession de vignettes qui ne fait pas un film, surtout ici où le protagoniste va démarcher différentes stars dans leurs propres rôles avec le bon vieux ressort du contraste entre inconnu et gens connus mais si le mécanisme de Jean-Pascal qui "gaffe" à chaque fois peut se faire répétitif, l'écriture développe toute de même un vrai propos sur la potentielle hypocrisie des artistes (qui exploitent les clichés et/ou ne cherchent qu'à plaire, qui font dans la récupération) tout en la mettant face à l'indignation forcée de notre époque où l'on peut vite être vu comme un traître à la cause. L'auto-dérision (extraordinaire scène avec Fabrice Eboué et Lucien Jean-Baptiste) côtoie le constat en apparence caricatural mais authentique (les castings). En cela, le film réussit le tour de force d'être à la fois drôle et à propos. Toutefois, l'ensemble n'échappe pas complètement au syndrome "collection de saynètes" malgré cette fin qui veut donner du sens au parcours du personnage mais qui manque toutefois d'une ou deux scènes en plus, en amont, pour avoir plus d'impact.