Le Tout nouveau testament
Belgique, 2015
De Jacob van Dormael
Avec : François Damiens, Catherine Deneuve, Yolande Moreau, Benoît Poelvoorde
Durée : 1h53
Sortie : 02/09/2015
"Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils mais très peu de sa fille. Sa fille c'est moi. Je m'appelle Ea et j'ai dix ans. Pour me venger j'ai balancé par sms les dates de décès de tout le monde..."
BELGIQUE²
Il y a plus d’un paradoxe dans le nouveau film de Jaco Van Dormael. Le premier réside dans le curieux équilibre qu’il cherche à maintenir. Une sorte de conciliation entre deux échelles narratives : l’une grandiloquente (l’histoire de Dieu et de l’humanité), et l’autre minuscule (les petites vies des petites gens). Le Tout nouveau testament essaie de conjuguer les deux en montrant que Dieu peut être le dernier des minables, et que tout un chacun peut se révéler angélique. Cette formule qui traverse tout le film, lui-même divisé en chapitre à mesure que l’on rencontre les apôtres de ce nouveau testament, rend hélas l’ensemble un peu systématique. Pire : prévisible. Un comble pour un film qui se révèle finalement plus imprévu qu’imprévisible.
C’est l’autre paradoxe du film : aussi singulier qu’il paraisse, Le Tout nouveau testament se révèle être encore plus belge que la plus belge des comédies belges. Et pas dans le meilleur sens du terme. La faute à Poelvoorde, qui cabotine hystériquement comme Christian Clavier ? La faute à un humour « entre soi » et où la poésie fait plouf face à trop de paillardise, comme quand on suggère naïvement de multiplier les sandwichs au jambon plutôt que le pain ? Coincée entre un terre-à-terre pénible et une emphase disproportionnée, où un tube de musique classique vient souligner chaque moment profond (y compris la musique… utilisée pour la montée des marches à Cannes, hum), la mise en scène se retrouve réduite à des gimmicks de mauvais goût. Pour traduire la fameuse « petite musique des gens », on fait parler les acteurs face caméra, et chaque expression de langage se retrouve illustrée par un plan redondant, comme dans les copies les plus paresseuses de Jean-Pierre Jeunet. Aussi louable et singulière que soit l’ambition de départ de Van Dormael, c’est un euphémisme de dire qu’il peine à retomber sur ses pattes avec goût.