Tournée

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Tournée
France, 2010
De Mathieu Amalric
Scénario : Mathieu Amalric
Avec : Mathieu Amalric, Miranda Colclasure, Damien Odoul
Photo : Christophe Beaucarne
Durée : 1h51
Sortie : 30/06/2010

Note FilmDeCulte :

Producteur de télévision parisien à succès, Joachim avait tout plaqué - enfants, amis, ennemis, amours et remords - pour repartir à zéro en Amérique à l’aube de ses quarante ans. Il revient avec une tournée de strip-teaseuses «New Burlesque» à qui il a fait fantasmer la France…Paris !

TOUS EN SCENE

Pour son premier film présenté à Cannes de l'autre côté de la caméra, Mathieu Amalric suit, avec Tournée, le show itinérant de quelques voluptueuses artistes du « New Burlesque », des Bettie Page avalées par des drag-queens comme échappées d’un film de John Waters, et qui s’effeuillent sur scène, dans un remue-ménage de plumes et de paillettes. Avec pour elles un but: que le spectacle soit montré à Paris. Mais Tournée, sans trop dévoiler l’intrigue, n’est pas une success story, n’en a pas la mécanique narrative. A l’image de cette scène où l’itinéraire est tracé au rouge à lèvres sur une carte, ce tour qui passe par Le Havre, La Rochelle, Toulon, dessinant une belle boucle dont Paris ne semble jamais l’aboutissement – les personnages tournent autour d’un idéal qui n’est qu’une lointaine chimère. Amalric filme avec beaucoup d’attachement sa foule de doux freaks bloqués dans des années 50 que Joachim, le directeur de la tournée, parfois conchie; mais l’essentiel, la raison de tout, est pourtant bien là, sur scène. L'un des intérêts réside dans le décrochage, lorsque le récit bifurque, tentative réussie lors de cette improbable drague nocturne dans une station service, beaucoup moins lors d’une séquence équivalente, outrée, artificielle, à la caisse d’un supermarché. Mathieu Amalric capte avec une certaine grâce l’esprit de troupe, malgré les tensions et les noms d’oiseaux qui volent, cette famille reconstituée quand l’officielle, elle, est tombée en lamentables morceaux. Dommage qu’après un premier tiers très enlevé, le film ne trouve pas réellement son rythme, peine à décoller, ronronnant dans sa dernière partie. Mais, même sans public, dans un hôtel fantôme, le feu sacré des danseuses Mimi le Meaux, Dirty Martini ou Kitten on the Keyes, ne s’éteint pas. Le show, c'est nous, répètent-elles plusieurs fois, avec raison, dans un film taillé pour elles.