Festival des 3 Continents: Toublanc
L’inspecteur Toublanc et Clara, une solitaire professeur de français argentine, vivent sans se connaître leur vie à des milliers de kilomètres de distance. Ils apparaissent comme des passagers continuellement en transit...
CALME BLANC
L'an passé déjà, l'auteur argentin Juan José Saer avait servi d'inspiration à un film en compétition au Festival des 3 Continents avec le poétique El Limonero real. L'ombre de l'auteur plane à nouveau cette année sur Toublanc, une curiosité réalisée par Ivan Fund. Toublanc débute non pas en Argentine mais en France, et surplombe les rues d'une ville « comme s'il se préparait un événement extraordinaire ». C'est bien là le jeu mystérieux auquel se prêtent Ivan Fund et son drôle de film : il y a ici un sens du mystère qui crée une étrange tension même quand on a l'impression qu'il ne se passe rien.
Fund porte une grande attention aux gestes quotidiens et qui à première vue ne semblent pas avoir de sens particulier. Mais c'est un puzzle déroutant qui prend forme, comme lors d'associations poétiques où l'on fait un raccord entre un nuage noir d'oiseaux en vol et des particules prises dans un faisceau de lumière au cinéma. Toublanc raconte deux histoires en parallèle, celle d'un inspecteur français, celle d'une enseignante argentine. Mais il ne jette pourtant pas de ponts évidents entre les deux, à l'image de ces splitscreens qui n'associent pas deux points de vue différents sur une même temporalité mais deux temporalités différentes filmées du même point de vue. Et l'incongru s'invite comme ce cheval seul dans la ville, seul dans l'eau, au fil d'un film ténu à la logique toute poétique.