La Tortue rouge
Pays-Bas, 2016
De Michael Dudok De Wit
Scénario : Michael Dudok De Wit, Pascale Ferran
Sortie : 29/06/2016
A travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue Rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.
SOUVENIRS GOUTTE A GOUTTE
Multi-primé pour ses courts métrages poétiques (Le Moine et le Poisson, L’Arôme du thé ou Père et fille), le réalisateur néerlandais Michael Dudok de Wit passe enfin au long avec un projet muri depuis 2007. Pour l’aider dans sa lourde tâche, il a fait appel à deux studios : l’Européen Prima Linea Production et surtout le Japonais Ghibli, connu dans le monde entier pour les merveilleux films de Hayao Miyazaki et Isao Takahata. Ce studio mythique a mis sa production de films d’animation en sommeil, les deux créateurs hélas atteints par la limite d’âge. C’est peu dire que Michael Dudok de Wit rend hommage aux deux génies avec La Tortue rouge. Non seulement le film est d’une beauté visuelle de tous les plans, mais il est porté par l’esprit panthéiste du premier et le souffle humaniste du second.
On est resté à plusieurs reprises bouche bée, les yeux embués de larmes, devant la puissance d’évocation du film qui déploie un mouvement poétique d’une ampleur incroyable. Ce n’est pas seulement le récit d’un homme perdu sur une île déserte qui se joue ici, mais une réflexion sur le cycle de la vie, au sens karmique du terme, de la naissance à la mort. Sans dialogue – mais le bruit du vent, de la mer et des oiseaux forme une véritable bande-son -, accompagné d’une partition musicale bouleversante que l’on doit au Français Laurent Perez, en plus d’un emprunt à Leos Janacek, La Tortue rouge est un rêve de cinéma, allégorique, mystique et total, qui lie dans un même mouvement l’art des studios Ghibli et le cinéma de Terrence Malick.