Top of the Lake

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Top of the Lake
Nouvelle-Zélande, 2013
De Jane Campion
Scénario : Jane Campion
Durée : 4h15
Note FilmDeCulte : *****-
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Tui, une jeune fille âgée de 12 ans et enceinte de 5 mois, disparaît après avoir été retrouvée dans les eaux gelées d'un lac du coin. Chargée de l'enquête, la détective Robin Griffin se heurte très rapidement à Matt Mitcham, le père de la jeune disparue qui se trouve être aussi un baron de la drogue mais aussi à G.J., une gourou agissant dans un camp pour femmes. Très délicate, l'affaire finit par avoir des incidences personnelles sur Robin Griffin, testant sans cesse ses limites et ses émotions...

L'INCONNUE DU LAC

Dans un coin paumé de campagne, une jeune fille disparaît. Voilà un pitch-prototype qu'ont en commun quelques séries télévisées marquantes, réalisées par quelques uns des plus grands metteurs en scène contemporains: David Lynch (avec Twin Peaks), Kiyoshi Kurosawa (Shokuzai, sorti en salles cette année) et ici Jane Campion (Top of the Lake). Dans chacune de ces séries, l'argument-prétexte a servi aux cinéastes à déployer leurs univers propres, leurs thèmes et leur sensibilité avec un sentiment de toute-liberté. Différence de taille: rapidement, chez Lynch et Kurosawa, on sait que les deux héroïnes sont mortes. Chez Campion, elle disparaît simplement. Et l'incertitude de l'enquête rejoint le caractère mystérieux qui domine la filmographie de Campion, qu'il est difficile de réduire à un genre, ce qui lui a valu d'être un certain temps sous-évaluée.

La communauté féminine de Top of the Lake pourrait être un prolongement elliptique de l'étrange gang féminin qui ouvre son mésestimé et incompris Portrait de femme. Campion parvient à être profondément féministe sans jamais que le féminisme ne soit le propos premier du film. Sa communauté est là et n'est jamais questionnée (comme elle le serait dans un film/une série plus didactique), et les personnages féminins qui ne sont jamais dans la séduction, jamais lisses, sonnent infiniment différents par rapport à ce qu'on peut voir d'habitude.

Subtilement, Top of the Lake raconte une prise de pouvoir féminine dans un patelin où les mecs ont toujours eu l'habitude de faire la loi, le tout avec une complexité d'écriture qui ne se limite pas à un girl power digne d'un clip des Spice Girls. L'horreur grouille, sous-jacente, dans ce décor d'une incroyable beauté, paradis sur terre peuplé de serpents venimeux, où règnent culture du viol et brutalité virile. Campion déjoue les attentes d'une série traditionnelle, ne s'embarrasse que rarement de cliffhangers, et achève son récit à la fois dans un climax tragique mais aussi une ouverture d'une totale splendeur (on pense à la dernière réplique de Holly Hunter, quasi absente depuis 10 ans au cinéma et qui pour son retour s'est déguisée... en Jane Campion). Ces dernières secondes sont parmi les plus belles vues sur un écran cette année.

par Nicolas Bardot

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Top of the Lake est diffusé sur Arte à partir du jeudi 7 novembre.

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