Festival de Gérardmer: Tombville

Festival de Gérardmer: Tombville
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Tombville
Belgique, 2014
De Nikolas List
Note FilmDeCulte : *-----
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David, 25 ans, se réveille dans un village plongé dans l'obscurité sans aucun souvenir de ce qui lui est arrivé ni de comment il a atterri là. Il réalise rapidement qu'il lui est impossible de quitter cet endroit: quelle que soit la direction qu'il prend, il revient toujours au même point de départ. Des souvenirs de son passé lui reviennent peu à peu, comme les pièces d’un puzzle. Et David comprend alors ce qu’il doit faire pour pouvoir s’échapper de son calvaire...

UNPLEASANTVILLE

Nikolas List considère que "les films d'horreur sont des contes de fées pour adultes", et c'est probablement dans cette ligne de conduite qu'il a choisi de construire son film Tombville comme une sorte de longue métaphore autour de l'histoire d'un personnage quasiment amnésique, piégé dans un lieu inconnu et surréaliste, avec les résurgences régulières d'un trauma d'enfance comme seul point d'horizon. Fuir le réalisme, que ce soit dans une mise en image contrastée et minimaliste, ou dans des dialogues à l'opposé du naturalisme, pourquoi pas... Le réalisateur-auteur-compositeur force encore le trait et souligne son "conte" en parsemant son film de nombreuses références à Alice au pays des merveilles, depuis les énigmes du chat du Cheshire aux volutes de la chenille, tout en plongeant son récit dans une ambiance très sombre qui, sur le papier, pourrait fonctionner.

Malheureusement, très vite, on s'aperçoit que la mayonnaise ne prend pas et que l'ensemble tourne un peu à vide. La faute en premier lieu à une interprétation plutôt investie mais aux limites de l'amateurisme, ainsi qu'à une bande son travaillée mais surtout agressive et formaliste - avec à la clé les énièmes effets sonores surmixés d'acouphènes, de battements de cœur et autres chuintements désagréables, dont le cinéma d'horreur déborde encore trop souvent. Puis, plus le film avance et plus c'est l'énervement qui prend le dessus sur l'affliction et l'ennui, en particulier avec le personnage de la mère du héros, dans la bouche de laquelle le scénario place un simulacre de déclaration féministe, à base des mots gagnants "patriarcat" et "oppression", dont le caractère grossièrement caricatural dénote surtout une profonde misogynie, d'autant que le film se plaît ensuite à démontrer à quel point de telles femelles sont monstrueuses, forcément monstrueuses. Et alors que l'ambition du projet pouvait maintenir jusque-là un certain respect pour le travail effectué - malgré le ratage global -, on ne finit par retenir que le manque d'enjeux, la complication volontaire de la narration, et le caractère globalement douteux du scénario, desservi par une technique et une direction d'acteurs qui ne sont pas réellement à la hauteur. L'ambition affichée, qui avait pu aiguiser un certain intérêt pour le film, s'avère être au fond surtout de la prétention.

par Anne Mourand-Sarrazin

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