Tokyo Park
Tokyo Koen
Japon, 2011
De Shinji Aoyama
Scénario : Shinji Aoyama
Durée : 1h59
Sortie : 22/08/2012
Koji, jeune étudiant photographe, accepte un jour la commande d’un client qui lui demande d’espionner son amie. Cette mission va bouleverser la vie de Koji et changer son rapport avec les femmes, notamment celles qui lui sont proches : Miyu, son amie d’enfance et confidente et Misaki, la fille de sa belle-mère.
ENSEMBLE C'EST TOUT
Révélé en 2000 avec son film-monstre, Eureka, Shinji Aoyama n’a plus eu droit à une sortie en France depuis La Forêt sans nom, il y a dix ans. La diffusion de Tokyo Park est déjà en elle-même un mini-événement, même si on aurait aimé retrouver Aoyama en meilleure forme. Curieux chemin que celui qui relie Eureka, qui ressemble au film majeur d’un cinéaste en totale souveraineté, tel un vieux maître, et ce tout petit film qui a parfois l’air d’une première œuvre maladroite. « Dans une ville, notamment japonaise, le moins que l’on puisse dire est que nous ne sommes pas seuls. Pourtant, c’est presque une chance de rencontrer quelqu’un, d’échanger avec lui. La société japonaise ne semble plus capable de tisser du lien social, elle est prostrée sur elle-même », a commenté le cinéaste dans l’ouvrage Le Cinéma japonais contemporain*. La solitude était déjà au centre d’Eureka. Aoyama aborde, avec son nouveau film, une thématique très présente dans le cinéma japonais d’aujourd’hui : celle du groupe à reconstituer, du lien social comme une utopie.
Le parti-pris dédramatisant est la force mais aussi la limite de Tokyo Park. Le film est à la fois déroutant par sa façon de contourner les enjeux (la piste de l’espionnage par exemple), adoptant un rythme étrange et séduisant, parsemé d’éléments curieux (les apparitions d’un fantôme joué par Shota Sometani de Himizu) traités de façon totalement anodine ; frustrant aussi car il donne parfois l’impression de tourner à vide. Que toute cette joliesse mignonne n’aboutit qu’à des considérations quelconques sur la vie, l’amour, les parcs. Tout ça sans compter le carton rouge décerné à la bande originale du film, une insupportable soupe auto-parodique. Il reste pourtant une douceur bienveillante dans Tokyo Park, qui emprunte plusieurs de ses acteurs à Kiyoshi Kurosawa (Manami Konishi, l'angoissante compagne de Koji Yakusho dans Rétribution, Haruka Igawa, vue dans Tokyo Sonata) sans en viser l’ampleur.
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*Publié aux éditions Ecrans