Tideland

Tideland
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Tideland
États-Unis, 2006
De Terry Gilliam
Scénario : Terry Gilliam, Tony Grisoni
Avec : Jeff Bridges, Jodelle Ferland, Brandon Flechter, Jennifer Tilly
Durée : 1h57
Sortie : 28/06/2006
Note FilmDeCulte : ****--

Lorsque sa mère meurt d'une overdose, la petite Jeliza-Rose part s'installer dans une vieille ferme avec son père, Noah, un rocker héroïnomane qui a connu des jours meilleurs. Afin d'échapper à la solitude de sa nouvelle maison, Jeliza-Rose s'évade dans un monde imaginaire.

GILLIAM AU PAYS DES MERVEILLES

On avait laissé Terry Gilliam groggy, lassé de se battre tel Don Quichotte de la Mancha, son personnage de fiction préféré, contre les moulins à vent, les financiers. Juré craché, on ne l'y reprendrait plus. Les Frères Grimm, fantaisie baroque inachevée et imparfaite serait donc son dernier film de studio, sa dernière concession au tout commerce. Mais pas son dernier projet et tant mieux. Tideland, adaptation du roman éponyme de Mitch Cullin, marque en effet son retour au cinéma par une petite production indépendante, format dans lequel son imagination débridée peut s’exprimer à loisir. Cadrages déroutants, humour pipi caca décalé, vraie tendresse pour les personnages: dès l'introduction sérieusement déjantée, le film porte indéniablement la griffe de l’auteur de Brazil. Il est très aisé de comprendre ce qui a séduit le cinéaste américain dans le roman. Jeliza-Rose est la descendante directe de Sam Lowry ou Parry (The Fisher King), une jeune fille qui s’invente un monde chimérique pour oublier la misère du sien, qui bascule de la réalité la plus crue au rêve éveillé. Qu’elle prépare un fix pour son père ou qu’elle raconte des histoires à ses poupées.

POUPEES QUI SONGENT

Bien sûr, comme pour tous les Terry Gilliam, Tideland nécessite un acte de foi. Celui de rejeter la rationalité scientifique pour adhérer au point de vue du personnage principal, une jeune fille de douze ans qui n’accepte pas la mort de son père et décide de s’inventer un autre destin malgré tout. Si le décor – les grandes prairies de l’Ouest américain – évoque bien sûr Les Moissons du ciel de Terrence Malick, Terry Gilliam invente une mythologie qui tient davantage de la littérature (Alice au pays des merveilles de Lewis Caroll, les romans initiatiques de Charles Dickens, les nouvelles de Theodore Sturgeon) que du cinéma. Le récit opère un curieux surplace et ne repose sur aucune intrigue identifiable. Le réalisateur de L’Armée des douze singes tente plutôt de saisir un état de confusion poétique et y parvient parfois grâce au talent insensé de sa jeune interprète Jodelle Ferland (Silent Hill). Si l’ensemble ne tient pas toutes ses promesses - le recours systématique à l’hystérie lasse à force - quelques séquences possèdent le parfum des meilleurs longs métrages du cinéaste américain, comme la découverte du bout du monde ou les tendres bisous échangés entre l’héroïne et un jeune homme à l’esprit perturbé.

par Yannick Vély

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