Thirteen
États-Unis, 2003
De Catherine Hardwicke
Scénario : Catherine Hardwicke, Nikki Reed
Avec : Brady Corbet, Holly Hunter, Nikki Reed, Jeremy Sisto, Deborah Unger, Evan Rachel Wood
Durée : 1h38
Sortie : 10/12/2003
A treize ans, Tracy est une enfant sage, appliquée à l’école et docile à la maison. Sa rencontre avec Avy, adolescente à problèmes et idole de son collège, va bouleverser sa vie. Peu à peu, elle sombre dans la délinquance.
THE VIRGIN SUICIDES
Prix de la mise en scène au Festival de Sundance, Léopard d’argent à Locarno, Prix du jury au Festival du Cinéma Américain de Deauville, Thirteen de Catherine Hardwicke a réussi une étonnante et méritée moisson de lauriers dans les différentes cérémonies du monde entier. Son sujet – la descente aux enfers d’une jeune fille – devient presque un passage obligé dans les carnets du cinéma indépendant américain. Thirteen parvient néanmoins à se démarquer des autres productions sur l’adolescence par un ton réaliste, la qualité de son interprétation et une mise en scène efficace. Co-écrit par une adolescente de treize ans qui tient également l’un des rôles principaux, le long métrage débute comme un classique teenage movie. Sur fond de musique pop rock, la douce et timide Tracy apprend l’école buissonnière auprès d’Avy, star sulfureuse de son collège. Elle devient sa meilleure amie et va jusqu’à chiper des fringues au drugstore du coin, séduire les premiers garçons venus et se tatouer la peau en cachette. Révoltée par l’arrivée d’un nouvel homme au sein de la famille, Tracy s’oppose avec violence à sa mère, ex-hippie courageuse et déterminée qui élève seule ses deux enfants.
REBEL WITHOUT A CAUSE
Après quelques menus larcins et scènes de drague sans conséquence, Hollywood aurait sans doute montré le retour de Tracy aux glorieuses priorités éducatives et familiales. Thirteen applique le programme inverse. Pour Tracy, le changement de code vestimentaire marque le début d’une douloureuse rébellion contre l’ordre établi. L’enfance s'évanouit, la vie adulte commence à peine. Tracy touche à la drogue, expérimente d’autres plaisirs interdits, se brûle les ailes et assouvit sa rage en vivant à cent à l’heure, sans s'attarder sur les conséquences de ses actes. A l’exception d’une mère dépassée par les événements, personne ne s'aperçoit de la lente dérive de Tracy, qui se scarifie le bras le soir pour exorciser ses douleurs enfouies. Malgré un léger abus d’effets de mise en scène (ralentis, caméra portée à l’épaule) qui tranche avec l’angle documentaire du long métrage, l'oeil reste pudique, à distance raisonnable des corps et des affects. Pour son premier film, Catherine Hardwicke ne cherche pas la larme facile ou les sentiments pré-fabriqués, mais l’émotion brute. Si certaines scènes sont très dures à supporter, la réalisatrice a la délicatesse de ne pas enfoncer le clou et de laisser la fin en suspens, la porte entrebaîllée sur un avenir meilleur.