The Suicide Squad
États-Unis, 2021
De James Gunn
Scénario : James Gunn
Avec : Idris Elba, Margot Robbie
Photo : Henry Braham
Musique : John Murphy
Durée : 2h12
Sortie : 28/07/2021
Bienvenue en enfer - aka Belle Reve, la prison dotée du taux de mortalité le plus élevé des États-Unis d'Amérique. Là où sont détenus les pires super-vilains, qui feront tout pour en sortir - y compris rejoindre la super secrète et la super louche Task Force X. La mission mortelle du jour ? Assemblez une belle collection d'escrocs, et notamment Bloodsport, Peacemaker, Captain Boomerang, Ratcatcher 2, Savant, King Shark, Blackguard, Javelin et la psychopathe préférée de tous : Harley Quinn. Armez-les lourdement et jetez-les (littéralement) sur l'île lointaine et bourrée d'ennemis de Corto Maltese. Traversant une jungle qui grouille d'adversaires et de guerilleros à chaque tournant, l'Escouade est lancée dans une mission de recherche et de destruction, avec le seul Colonel Rick Flag pour les encadrer sur le terrain… et la technologie du gouvernement dans leurs oreilles, afin qu'Amanda Waller puisse suivre le moindre de leurs mouvements. Comme toujours, un faux pas est synonyme de mort (que ce soit des mains de leurs opposants, d'un coéquipier ou de Waller elle-même). Si quelqu'un veut parier, mieux vaut miser contre eux - et contre eux tous.
LES GARDIENS DE LA VÉRITÉ
Après qu'un scandale ridicule autour de quelques tweets de mauvais goûts vieux de plusieurs années ont amené Disney à le renvoyer (avant de le réembaucher), James Gunn passe de Marvel à DC le temps d'un film. Qu'allait donner la formule Gunn, qui tendait déjà à s'essouffler, dans une suite à l'effroyable et "dark" film de David Ayer sorti en 2016? Contre toute attente, la surprise est au rendez-vous. Si quelques blagues tombent à plat, le film gère franchement bien ses variations de tons, ne tombant jamais dans la gaudriole, avec notamment cette violence graphique qui paraît gratuite au début mais s'inscrit en réalité dans ce que le film raconte, dès son introduction, sur l'envers du décor et donc du genre. The Suicide Squad c'est un peu l'histoire de comment les rats sauvent le navire.
Quand les "supers" sont des rebuts, ils sont sacrifiables à l'envi et ce coût est montré comme il se doit dans cette ouverture donc, et sa débâcle qui tourne en dérision la badassité supposée de ces figures tout en annonçant le programme dans une esthétique à des kilomètres de ce que Gunn faisait chez Marvel, en 1.85 surexposé, mais qui se permet toutefois des fulgurances pop avec Harley Quinn ou Polka Dot Man, illustrant la poésie des freaks. Quand le rebut trouve un but, quand le rebut se rebelle, il devient un héros. Et pas n'importe lequel. Un héros qui n’œuvre pas pour le status quo des puissants, contrairement à beaucoup de super-héros. La trajectoire a beau être plutôt basique, le film parvient à tisser ce propos dans un film qui prend également à côté le parti des révolutionnaires, sans pour autant se leurrer sur la nature de ses personnages et de leurs actions. Ça reste des rats.
Il est dommage que le film accuse un ventre mou et s'étire inutilement sur 2h12 mais il reste plutôt sympathique, rendant attachants les protagonistes qui étaient en mousse chez Ayer, et plutôt réussi dans l'action, notamment dans un climax de kaiju eiga assez réjouissant. Et si la formule Gunn est toujours aussi ostentatoire, elle témoigne au moins d'une personnalité, chose devenue rare pour un blockbuster.