Le Temps des rêves

Le Temps des rêves
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Temps des rêves (Le)
Als Wir Träumten
Allemagne, 2014
De Andreas Dresen
Scénario : Andreas Dresen
Durée : 1h57
Sortie : 03/02/2016
Note FilmDeCulte : *-----
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Allemagne de l’Est. Dani et sa bande ont grandi dans l’utopie socialiste de la RDA. Adolescents à la chute du Mur, ils vivent au rythme de la techno, de leurs rêves débridés et des allers-retours au commissariat.

LES BEAUFS GOSSES

La douceur dans la brutalité (et vice versa), voilà une formule qui pourrait résumer l'œuvre du cinéaste allemand Andreas Dresen. Elle s'applique en tout cas parfaitement à ses deux meilleurs films. Pour lui s’intéressait moins à la mort de son héros qu’à l’amour que celui-ci recevait dans ses derniers jours, et sur le bonheur extraconjugal de Septième ciel planait l’amer souvenir d’un mari abandonné. Dans son nouveau film, la brutalité est beaucoup plus concrète : on vit à moitié dans la rue, on vole, on se drogue, on se bat... Et pourtant, Dresen cherche là encore à rendre ses protagonistes touchants, à les envelopper de bienveillance. Le Temps des rêves est adapté d’un roman populaire sur la réunification de l’Allemagne, et cette fois, le réalisateur n'a pas participé à l’écriture du scénario (ce qui, habituellement, est pourtant l’un de ses grands points forts). Cette tâche est revenue à l’un de ses anciens collaborateurs, qui avait déjà signé pour Dresen le scénario de l’un de ses moins bons films, Un été à Berlin (dont le grain de folie a déjà beaucoup vieilli), où il était déjà question de trouver l’épanouissement au milieu d’une anarchie ambiante.

Peut-on tout mettre sur le dos du scénariste? Le Temps des rêves est une grosse déception. Récit pénible et confus mettant en scène des personnages artificiels, tout ici respire la transposition trop respectueuse. Personne n’a l’air d’autre chose qu’une marionnette de scénario, rien n’a l’air suffisamment vivant pour nous émouvoir. Un comble pour un cinéaste dont le réalisme est, généralement, à la fois plein de tact et de subtilité. Voilà deux qualités décidément absentes ici. La faute principalement aux protagonistes, particulièrement relous. Pour eux, s’éclater comme des vrais mecs signifie boire, racketter, marquer son territoire en pissant partout, et surtout se battre avec leurs rivaux. A propos de quoi ? On ne le comprend même plus, tant ces scènes des courses et castagnes sont répétitives. « Tu te souviens combien on s’est battu pour la paix ? » demandera l’un d’entre eux, avec le recul. Ces gamins-là ont une haute idée d’eux-mêmes. Le problème n’est pas tant que ces personnages ne soient pas aimables (Alex Ross Perry fait justement des merveilles avec Queen of Earth, également présent à la Berlinale), c’est que le film ne pose aucun regard particulier dessus, aucune mise en perspective.

Au moins ces protagonistes ne sont pas sexistes. Pas la peine, le reste du scénario se charge de l’être pour eux! Quel bel éventail de rôles féminins : la maman hystérique qui punit et qui a unilatéralement tort, la femme au foyer qui réclame qu’on l’a baise, l'infirmière trop bonne trop conne, la stripteaseuse trop naïve pour se plaindre, la « salope » qu'on ne doit surtout pas draguer, car tout le monde lui est passé dessus (on prévient bien le héros à ce sujet). Tout ce petit monde tourne comme des objets-satellites autour de la bande de héros, qui eux ont le droit de vivre des vraies aventures de mecs. Et le film ne vient jamais contredire ou nuancer ces attitudes, qui sont visiblement des détails sur le cheminement personnel de ces héros. D’ennuyeux, le film devient carrément beauf. Andreas, qu’est-ce qui s’est passé ?

par Gregory Coutaut

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