Le Teckel

Le Teckel
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Teckel (Le)
Wiener-Dog
États-Unis, 2016
De Todd Solondz
Scénario : Todd Solondz
Avec : Ellen Burstyn, Danny DeVito, Julie Delpy, Greta Gerwig
Durée : 1h28
Sortie : 19/10/2016
Note FilmDeCulte : ****--
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Le portrait d’un teckel et de tous ceux auxquels il apportera un bref instant de bonheur.

DOGGY STYLE

Le Teckel ne raconte pas une mais quatre histoires. Quatre récits à l'humour vachard et pourtant curieusement émouvants autour de personnages seuls, qui vont chacun leur tour croiser la route d'un teckel qui va changer leur vie, pour le pire ou le meilleur. Ce toutou serait-il magique? Comme toujours chez Todd Solondz, on est à la fois dans le mordant et le pathétique: le teckel en question a beau pousser ses maîtres provisoires à la remise en question, il n'en reste pas moins une créature très terre-à-terre à l'intelligence limitée. Le Teckel n'est pas un feel-good movie au charme canin irrésistible. Si la bête ne mord personne, le film lui, possède une intranquillité qui dérange, un rire jaune comme un caillou dans la chaussure.

Le titre original du film est Wiener Dog (soit Le chien saucisse). Il s'agit effectivement du surnom donné à cette race de chien, mais c'était surtout l'insulte récurrente par laquelle était désignée Dawn Wiener, l’héroïne de Bienvenue dans l'âge ingrat, film qui avait révélé Solondz au milieu des années 90. Or l'une des protagonistes du Teckel s'appelle justement... Dawn Wiener. De Happiness à sa vraie/fausse suite Life During Wartime, le réalisateur a déjà régulièrement revisité sa propre famille de personnages, interprétés à chaque fois par de nouveaux comédiens, et n'a jamais caché son désir de donner une suite aux aventures de Dawn. Après un détour par Palindromes (où elle se faisait pourtant enterrer!), la revoilà sous les traits de Greta Gerwig et son irrésistible gaucherie.

Dawn Wiener comme fil rouge de la filmographie de Solondz, et un véritable wiener dog comme fil rouge de son nouveau film, le parallèle se tient. Le Teckel s'ouvre par un enfant chétif en rémission de cancer (tout un programme), et chaque protagoniste qui lui succède est de plus en plus âgé, jusqu'à une vieille mourante cynique, contrainte à faire la paix avec la vie. En plus d'une une promenade à travers la filmographie de Solondz (on y croise d'autres personnages récurrents de son univers, tel le cinéphile idéaliste en proie à une industrie cynique), le film est aussi un voyage à travers la vie entière. Un voyage désabusé, mais pas dénué d'espoir.

On aurait tort de croire le réalisateur coincé dans son œuvre ou son registre. Toujours aussi drôles et gonflés, ses films ont évolué, s’affinant vers de plus en plus de mélancolie, d'amertume. Si ses personnages sont pathétiques, c'est moins dans sens de minables que poignants. Solondz aime à décrire ses œuvres plus récentes comme des "comédies tristes". L'oxymore prend ici tout son sens, tant son film gifle et caresse avec un équilibre unique. Le Teckel n'est pas le film le plus cinglant de son auteur mais réserve tout de même plus d'un détail à l'humour incroyablement cruel. Sans traumatiser les fans de toutous, on peut dire que les spectateurs n'aimant pas trop les chiens risquent d'ailleurs de ronronner à plus d'un moment...

par Gregory Coutaut

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