Team America: Police du monde
Team America: World Police
États-Unis, 2004
De Trey Parker
Scénario : Pam Brady, Trey Parker, Matt Stone
Avec : Kristen Miller, Daran Norris, Matt Stone
Durée : 1h38
Sortie : 09/03/2005
Spottswoode, patron de la Team America, une équipe d’agents chargés de faire la police dans le monde, recrute un acteur, Gary Johnston, pour qu’il s’infiltre parmi les terroristes afin de découvrir leurs plans.
ACTION MAN, LE PLUS GRAND DE TOUS LES HEROS
Plus de cinq ans après South Park, le film, déjà furieusement sans pitié envers les Etats-Unis, les turbulents Trey Parker et Matt Stone reviennent avec un nouveau délire dans la droite lignée du précédent. Après être tombé sur une rediffusion des Sentinelles de l’air, série au look parfaitement bizarre (avec ces marionnettes aux yeux énormes, à la fois ridicules et étrangement vivaces), les complices décidèrent d’en tourner l’adaptation, en conservant la même méthode "d’animation". Or, une adaptation "live" était déjà en route (le film, sorti en salles l’an dernier aux Etats-Unis, reste inédit en France). Parker et Stone eurent alors l’idée de réaliser une version "marionnettes" du Jour d’après, dont ils avaient lu le script en exclusivité, mais des problèmes de droits les en empêchèrent. Peu à peu, ils s’orientèrent vers le projet auquel ils allaient inévitablement aboutir: un pastiche des blockbusters américains (notamment des films d’action produits par Jerry Bruckheimer), derrière lequel se cache évidemment une satire des temps présents et du rôle de l’Amérique dans le monde d’aujourd’hui. A l’instar de South Park, tout le monde en prend pour son grade, d’Alec Baldwin (déjà une victime dans leur précédent film) à Kim Jong Il (remplaçant de Saddam Hussein), en passant par les figures socialistes habituelles (Sean Penn, Tim Robbins et même Michael Moore).
WE’RE ALL LIVING IN AMERIKA, COCA-COLA, WONDERBRA
Cependant, sans jamais montrer un George Bush ou un Donald Rumsfeld, la principale cible des deux auteurs demeure leur chère patrie, représentée par cette équipe de simili-super-héros mais avant tout par le film lui-même. On assiste donc à une vision du monde au travers des yeux de l’Amérique, un monde où les autres pays n’existent que par leurs clichés et ne sont que les figurants d’un Empire où seule compte la Liberté, bastion vertueux de l’American Way of Life à défendre éternellement. C’est pourquoi les rues françaises sont inéluctablement pavées, peuplées de mimes et traversées par des Citroën DS, que la Tour Eiffel se situe juste à côté de l’Arc de Triomphe, sur lequel elle s’effondrera, bombardée par la Team America, à l’instar de nombreux autres monuments nationaux de par le monde que les Américains aiment détruire. Son Jour d’après a beau avoir échappé au traitement parodique de Parker et Stone, Roland Emmerich ne s’en sort donc pas indemne. Tout comme Michael Bay, dont on cite l’Armageddon et à qui on dédicace une chanson entière, par l’intermédiaire de son Pearl Harbor. Après les excès de la censure et du politiquement correct attaqués dans South Park, c’est ici l’auto-proclamation "gendarmes du monde" que les scénaristes-réalisateurs dénoncent, tout en restant fidèles à leur humour de prédilection, du gore au sexe en passant par la parodie, sans jamais manquer d’autodérision. Si l’effort est inférieur à son prédécesseur, il demeure un régal de tous les instants.