Berlinale: Tape 13
Deux amoureux voyagent en Allemagne. Ils croisent un groupe de jeunes gens sur la route qui les invitent à passer du temps avec eux dans leur chalet perdu au cœur de la forêt. Le cauchemar va commencer...
FAIS-MOI PEUR
On a peut-être encore moins envie d'être méchant avec un premier film mais la question qui se pose, après les 80 minutes de ce Tape 13, est la suivante: y a-t-il un détail, un élément, une scène, un rebondissement, le comportement d'un personnage, une idée de mise en scène, un effet sonore, quoi que ce soit qui ne soit pas totalement débile dans ce long métrage ? Le found footage, jusqu'ici, a surtout marché sous deux formes: le documenteur fantastique où ce qui se déroule devient tellement extraordinaire qu'on peut accepter comme saut de foi que le héros ne lâche pas la caméra (Le Projet Blair Witch, REC, Troll Hunter, The Sacrament), ou le film vidéo-surveillance où la caméra est là et ne bougera pas (Paranormal Activity, Emergo). Dès le départ, avec son principe "filmons nos vacances", Tape 13 se prend les pieds dans le tapis. Mais pourquoi pas ? On n'a pas envie de faire la police du found footage (ces spectateurs qui pointent l'écran du doigt en déclarant "ça, c'est impossible !" à la moindre entourloupe alors qu'ils n'ont généralement rien à dire lors des triches de point de vue de films "traditionnels").
Mais Axel Stein cumule tant d'artifices qu'on finit par ne plus rien voir d'autre. Ces effets sonores bourdonnant qui sortent d'on ne sait où (c'est un found footage ou non ?). Cette caméra aux parasites stridents (elle a coûté cher dit-on ? elle a l'air sacrément pourrie) qui font le même bruit que les ongles de Gail Devers grattés sur un tableau noir - pratique pour faire sursauter quand on ne sait pas mettre en scène. La caméra s'allume toute seule ? Parfait pour justifier le fait que certaines scènes finissent par être filmées alors qu'il n'y a aucune raison. Un psychopathe flippant rôde autour de la maison ? Sortons tous lui courir après ! C'est la panique dans le chalet ? Enfuyons-nous dans le noir mais surtout séparons-nous d'abord ! "Je ne comprends pas pourquoi la police met autant de temps", se lamente une héroïne qui vient de passer un coup de fil alarmiste (et qui apparemment n'a ni famille ni ami à prévenir, c'est plus commode). Mais pourquoi la police met autant de temps donc ? Parce que le scénario est nul et idiot de A à Z. On aurait eu plus d'indulgence pour Tape 13 s'il était resté un film de potes amateur. Ce qu'il n'est même pas vu le nombre improbable de participants au générique (dont 5 consultants... au scénario).