Sweetgrass
États-Unis, 2011
De Illisa Barbash, Lucien Castaing-Taylor
Durée : 1h31
Sortie : 14/12/2011
Durant l'été 2003, un groupe de bergers à la tête d'un troupeau de moutons traverse les montagnes du Montana, à l'extrême Nord-Ouest des États-Unis. Sur 300 km de vallées verdoyantes et de plaines enneigées à perte de vue, les bergers acheminent tant bien que mal les centaines de moutons. Mais en cette paisible contrée rodent loups et ours.
DESSINE-MOI UN MOUTON
Enquête sur un monde invisible. Les documentaristes et anthropologues Lucien Castaing-Taylor et Ilisa Barbash auront mis six ans avant que Sweetgrass ne soit achevé, un travail de longue haleine pour cette épopée en mode minimaliste. Sweetgrass raconte la transhumance d'un troupeau de moutons dans le Montana, sans voix-off, sans interview, presque muet si l'on excepte quelques déclarations des bergers. Le documentaire est monotone, mais cette monotonie offre aussi le reflet d'un temps étiré, cycle lent, long et répété, comme échappé d'une autre époque (celle d'un western), et d'un autre monde (les nouvelles de la planète parviennent à peine par le biais d'une radio allumée). Castaing-Taylor et Barbash capturent ainsi des moments de drôle trivialité (les moutons tondus sur Highway to Hell dans la bergerie, l'accouchement et le remplacement de petit sans la moindre fioriture) en opposition avec des scènes d'aventures (des ours rôdent près du troupeau) et même des instants surnaturels (un plan en particulier, avec une marée d'yeux lumineux de moutons comme des lasers ovnis transperçant la nuit). Pas de clip qu'elle est verte ma vallée pour autant. On sent le poids de l'effort humain et de la douleur. En fin de film, la simple beauté du spectacle semble être vantée par un panoramique sur ce décor grandiose, mais celle-ci est contredite par une confession éreintée d'un berger défait. Sweetgrass ne perd pas de vue l'essentiel, filmant un voyage de moutons mais parlant avant tout de ses hommes qui bougent.