Sweet Sixteen
, 2002
De Ken Loach
Scénario : Paul Laverty
Avec : Martin Compston, Michelle Coulter, Annmarie Fulton
Durée : 1h46
Sortie : 11/12/2002
Liam a seize ans. Sa mère est en prison et il déteste son beau-père Stan. Bref, tout va mal. Il rêve d’un monde meilleur et vit de petites combines bien souvent illégales.
LAISSE PAS TRAINER TON FILS
Après deux pamphlets maladroits, Bread and Roses et The Navigators, Sweet Sixteen marque le grand retour de Ken Loach. Initiateur du cinéma social à l’anglaise, le réalisateur de Land and Freedom n’a pas modifié son discours politique. Il continue de placer sa caméra chez les sans grades de la société britannique, pour filmer la détresse urbaine. Adoptant un point de vue documentaire plus incisif, il évite ici la charge manichéenne contre un Etat tout-puissant et se concentre sur la jeunesse perdue d’un ado trop intelligent pour se satisfaire d’horizons bouchés. Dans Sweet Sixteen, titre ô combien ironique, il suit les pas nerveux et plein de morgue de Liam, casquette enfoncé sur la tête. Oublié l’école, bienvenue l’errance dans les rues sombres d’une Ecosse touchée de plein fouet par la crise économique. Avec son ami Paintball, il vit de petits trafics afin d’offrir une vie meilleure à sa mère emprisonnée pour trafic de drogue et plonge peu à peu dans la délinquance.
MA PETITE ENTREPRISE
Portée par l’interprétation confondante du jeune Martin Compson, Sweet Sixteen est une belle réussite avec un propos proche de Kes, peut-être le chef-d’œuvre du cinéaste. Par une mise en scène sobre mais efficace, Ken Loach saisit les doutes et les aspirations de son personnage principal. Liam, jeune garçon comme les autres, cherche en vain l’affection de ses proches et se heurte toujours à la violence d’un beau-père haineux. Comme souvent chez le réalisateur anglais, le meilleur du film est dans sa description des rapports familiaux, les scènes de calme qui précèdent les tempêtes mélodramatiques. Primé à Cannes, le scénario signé Paul Laverty souffre pourtant de quelques facilités inhérentes au genre. Entre mafieux peu crédibles et accumulations de malheurs, Ken Loach appuie souvent là où ça fait mal, usant de ficelles lacrymales pour provoquer l’émotion. Reste néanmoins le magnifique portrait de rebel without a cause et la découverte majeure d’un jeune acteur .
En savoir plus
Ken Loach
Grande figure du cinéma social anglais, l’anti-thatchérien Ken Loach est un réalisateur multi-primé à qui il ne manque que la Palme d’or pour couronner trente-cinq ans de carrière. Né en 1936, son cinéma réaliste et grinçant, met à mal le libéralisme effréné. Il ose filmer les prolétaires et gratter sous le vernis bien pensant de la société anglaise. Depuis 1969 et la présentation de Kes à la Semaine de la Critique, il a pris l’habitude de passer son mois de mai sur la Croisette. Il y a déjà obtenu deux prix du jury pour Hidden Agenda et (1990) et Raining Stones (1993) et trois prix de la critique internationale pour Black Jack (1979), Riff-Raff (1991) et Land and Freedom (1993).
Filmographie
2002 Sweet Sixteen 2001 The Navigators 2000 Bread and Roses 1998 My Name Is Joe 1996 Carla's Song 1995 Land and Freedom 1994 Ladybird 1993 Raining Stones 1990 Riff-Raff 1990 Hidden Agenda 1986 Fatherland 1981 Regards et sourires 1980 The Gamekeeper 1979 Black Jack 1972 Family Life 1969 Kes 1967 Pas de larmes pour Joy
Martin Compston
Il s’agit du tout premier rôle de ce jeune acteur féru de football. Il a été choisi au terme d’un casting de près de quatre-cent candidats.