Festival de Gérardmer: Super 8 Madness
L’incroyable aventure du Super 8 fantastique en France, dans les années 80, quand n’existaient pas encore les caméras HD, le 4K, les I-Phones, et que le seul moyen pour de jeunes réalisateurs de tourner des films était par ce seul biais. De nombreux cinéastes en herbe ont ainsi fait leurs premières armes en Super 8. Et parmi eux, les afficionados de ce que l’on ne nommait pas encore le « cinéma de genre ». C’est-à-dire les amoureux de fantastique, de merveilleux, d’onirisme, de science-fiction, de thriller, de films policiers, mais aussi les aventuriers d’un cinéma plus extrême : le cinéma d’horreur et ses débordements « gore », tantôt potaches ou effrayants.
LES AVENTURIERS DU FORMAT PERDU
Avant l’ère de la vidéo, la bobine super 8 fut le format obligatoire pour les amateurs désireux de coucher leurs idées de courts métrages sur pellicule. Ce documentaire produit par Metaluna retrace la grande aventure du festival du film super 8 créé en 1984 par Jean-Pierre Putters (fondateur de Mad Movies) et Jean-Marc Toussaint, qui six années durant enflamma la créativité des apprentis réalisateurs (et qui mis plusieurs salles de spectacle à feu et sang !). Un paradis pour cinéphages déviants où l’on pouvait voir du space-opera tourné dans des salles de bain ou d’improbables fresques d’aventure ayant pour cadre le bois de Vincennes. Passionnés et passionnants, les divers acteurs de cette fantastique période n’ont vraiment aucun mal, même trente ans plus tard, à faire passer l’envie de filmer qui les animait à l’époque et l’exaltation tirée de ces années de création débridées. On peut y voir les premières armes de Gille Penso, futur réalisateur du documentaire Ray Harryhausen, le génie des effets spéciaux, présenté au festival de Gerardmer en 2013 ou de Benoit Lestang, plus tard pointure française du maquillage sanglant.
Regorgeant d’images provenant de la collection personnelle de JPP et des intervenants, parfois un peu maladroit mais d’une générosité à toute épreuve, le film fonctionne surtout comme une inestimable madeleine de Proust pour quiconque a un jour tenu un Mad Movies des années 80 entre les mains, a halluciné devant les images gores d’un Folie meurtrière ou pouffé (d’envie !) à la lecture de titres aussi improbables que Massacre au débouche chiotte ou Superhandicapman. Devant nos yeux d’incorrigibles fanboys s’animent enfin les comptes-rendus de festival ou les maquillages de la fameuse rubrique du cinéfan. Un doc à la fois ludique et amusant mais surtout unique, car personne d’autre que ses instigateurs n’aurait pu nous l’offrir. Noël avait un mois de retard cette année !
Clément Gerardo