Super
États-Unis, 2010
De James Gunn
Scénario : James Gunn
Avec : Kevin Bacon, Nathan Fillion, Ellen Page, Michael Rooker, Liv Tyler, Rainn Wilson
Photo : Steve Gainer
Musique : Tyler Bates
Durée : 1h36
Un homme décide de devenir un super-héros après avoir vu sa femme succomber aux charmes d'un dealer. Mais il n'a pas de super-pouvoirs...
MYSTERY MAN
James Gunn est un homme discret. Car après son totalement décomplexé Horribilis qui rendait hommage aux films de monstres des années 80 avec un certain recul sur le genre, l'homme a très peu fait parler de lui. À peine deux pilotes de série télé et une mini série parodique du porno puis c'est tout. Le voir revenir sur le devant de la scène en appliquant la même recette que pour son premier long sur le genre super hero movie avait de quoi allécher autant qu'apeurer. Eh bien soyez rassurés, Super tient toutes ses promesses et plus encore. Avec sa nouvelle œuvre, James Gunn réussi là ou le Kick ass de Matthew Vaughn échouait, c'est-à-dire déconstruire le genre tout en lui rendant hommage, le parodier sans jamais se ficher de lui et l'analyser tout en s'en affranchissant. Bref Gunn sait où il met les pieds et le fait bien.
D'autant qu'il se permet même d'innover et de trouver des idées radicales qui servent au mieux son idée générale sur la vie secrète et les motivations de ces deux natural born heroes sans pouvoirs (le héros est vite rejoint dans sa quête par une sidekick complètement cramée). Ainsi on peut le voir aller au bout de son délire (on punit de la même manière le pédophile et le resquilleur d'une file d'attente, on peut observer les "bons conseils" d'un super héros télévangéliste, certains combats sont accompagnés d'onomatopées, la voix de Dieu est interprétée par l'illustre Rob Zombie, etc.) et pourtant toujours retomber sur ses pattes. C'est là que le réalisateur/scénariste marque des points. Car son Super, il l'a voulu autrement plus profond qu'une simple comédie balourde et ici, chaque idée en cache une autre. Osant la rupture de ton par deux fois, il tire ainsi son film d'une caricature bon délire vers un ton doux amer qui finit par nous faire adhérer totalement à sa cause. Et malgré son costume d'amuseur indépendant (on pense souvent au cinéma de Michel Gondry mais en plus fun et moins arty), Super se trimballe une coquille mélancolique qui explose aux yeux de tous lors d'un final surprenant et qui devrait laisser scotché le plus blasé des spectateurs. Qui a dit que les super héros n'avaient plus rien à dire?