Sunshine
États-Unis, 2007
De Danny Boyle
Scénario : Alex Garland
Avec : Rose Byrne, Chris Evans, Troy Garrity, Cillian Murphy, Michelle Yeoh
Photo : Alwin H. Kuchler
Durée : 1h40
Sortie : 11/04/2007
En cette année 2057, le soleil se meurt, entraînant dans son déclin l'extinction de l'espèce humaine. Le vaisseau spatial ICARUS II, avec à son bord un équipage de sept hommes et femmes, dirigé par le Capitaine Kaneda, est le dernier espoir de l'humanité. Leur mission: faire exploser un engin nucléaire à la surface du soleil pour relancer l'activité solaire.
IL EST MORT LE SOLEIL
Cinéaste prolifique doté d’un vrai talent visuel hélas négligé par la critique, le réalisateur anglais Danny Boyle s’attaque à la science-fiction après avoir dépoussiéré le film de (faux) mort-vivant avec le sublime 28 jours plus tard. Il retrouve pour Sunshine le romancier Alex Garland, devenu son scénariste attitré depuis l’adaptation peu réussie de La Plage. Le jeune écrivain londonien avait retravaillé avec le metteur en scène de Trainspotting justement sur son film d’horreur apocalyptique. Comme toujours avec Danny Boyle, la proposition scénaristique est alléchante. Surfant sur la vague des films catastrophe basés sur des phénomènes écologiques (Le Jour d’après), le duo a imaginé les conséquences de l’arrêt programmé du soleil et l’envoi d’une expédition scientifique chargée de rallumer la flamme. De son propre aveu, Danny Boyle tenait là un rêve de gosse. Biberonné à la série Star Trek, fan absolu de 2001 l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, référence obligatoire mais assumée, il pouvait enfin donner libre cours à sa vision du Space Opera.
REVE D’ICARE
Sur le plan esthétique, Sunshine est une véritable claque. Malgré des moyens limités par rapport aux énormes productions hollywoodiennes, Danny Boyle parvient parfaitement à rendre crédible la quête des astronautes et la fascination exercée par l’astre solaire. Le défi de la représentation d’une source de chaleur et de lumière absolue était pourtant de taille, comme la conception très originale de la navette spatiale. Sunshine se veut crédible sur le plan scientifique mais aussi impressionnant visuellement. Danny Boyle joue à la perfection des différences d’échelles et de gravité. Si, bien sûr, le film pèche par un certain manque d’originalité - Solaris de Steven Soderbergh et Mission to Mars de Brian De Palma sont récemment passés par là -, il impressionne par son ambition, sa cohérence et le dynamisme de la caméra. Une séquence retient particulièrement l’attention, celle de la fermeture des panneaux solaires sur Icarus II alors même que les premiers rayons illuminent la station. Comme le personnage de Capa, on reste figé devant la beauté du spectacle offert et l’impression de vertige et d’éblouissement suscitée.
L’ENFER C’EST LES AUTRES
Pourtant, comme souvent avec les films de Danny Boyle, un certain sentiment d’inachevé prédomine à la fin de la projection. Les fascinants thèmes abordés – la question du Divin, l’attirance pour le feu, le sacrifice d’un individu pour une communauté – ne sont souvent qu’effleurés. Malgré son intrigant point de départ, les nombreuses pistes métaphysiques et sa puissance visuelle, Sunshine reste avant tout et seulement un très bon divertissement aux virages un peu trop prononcés. On y retrouve pourtant les obsessions de Danny Boyle. De Petits meurtres entre amis à ce dernier long métrage, en passant par Trainspotting et La Plage, le metteur en scène de Manchester a toujours disséqué la lente mais inéluctable détérioration des rapports humains au sein d’une communauté. Sunshine ne fait pas exception à la règle et la mission se transforme en petit jeu de massacre au fil de l’expédition. Une évolution trop prévisible et un peu décevante. Un jour, c’est sûr, Danny Boyle réussira un chef d’œuvre.
La bande-annonce
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