Festival Black Movie: Suffering of Ninko
Ninkô no junan
Japon, 2016
De Norihiro Niwatsukino
Durée : 1h10
Ninko est un jeune moine qui n'a qu'un problème: les femmes semblent incapables de lui résister. Les plaisirs sexuels sont un péché, et Ninko pense ne pas être assez vertueux. Il s'enfuit alors dans les montagnes, dans un endroit désolé qui serait hanté...
UN MOINE NOMMÉ DÉSIR
Ce n'est pas vraiment tous les jours qu'on a l'occasion de croiser un premier long métrage aussi singulier que ce Suffering of Ninko, réalisé par le Japonais Norihiro Niwatsukino. Son pitch potache, avec son moine qui rend fous de désir toutes celles et tous ceux qui croisent son chemin, n'est pas la dernière surprise réservée par le cinéaste qui dans son shaker mixe avec générosité comédie, film historique, fantastique, animation et sexploitation.
Suffering of Ninko s'ouvre par une scène déroutante et mystérieuse - un protagoniste psalmodie auprès d'un cadavre auquel on a ôté les yeux. Une énigme mystique qui laisse rapidement place à la comédie érotique promise. Mais là encore, le ton étonne, à l'image de cette très belle et longue séquence dans laquelle des courses-poursuites sexy sont filmées au ralenti sur le Boléro de Ravel ; une scène qui fonctionnerait aussi bien sur le générique de Benny Hill - et ce n'est pas si commun que le clown grivois britannique et le musicien français soient interchangeables.
L'une des très bonnes idées de Suffering of Ninko est son utilisation de l'animation - des estampes qui décollent du réel, poursuivent le geste d'une audace visuelle permanente et résolvent parfois le problème d'une image malheureusement un peu cheap en ce qui concerne la prise de vue réelle. La seconde partie, plus explicative, faiblit un peu, mais ce récit fantastique sur la libération du désir est porté par une curiosité jusqu'au-boutiste qui le distingue avec panache.