Still the Water

Still the Water
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Still the Water
Futatsume no Mado
Japon, 2013
De Naomi Kawase
Scénario : Naomi Kawase
Durée : 1h59
Sortie : 01/10/2014
Note FilmDeCulte : ******
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Sur l'île d'Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu'un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d'été, Kaito découvre le corps d'un homme flottant dans la mer. Sa jeune amie Kyoko va l'aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adulte et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l'amour…

LES DIEUX MEURENT AUSSI

Still the Water est né d'un deuil: celui de Naomi Kawase (lire notre entretien) qui a perdu sa mère adoptive avant de préparer ce film. Dans Hanezu, précédent film de la cinéaste, la nature avait des émotions, les montagnes tombaient amoureuses, la pluie déclenchait sa colère sur les humains. Ces derniers semblaient minuscules, leurs amours et leurs drames devenaient presque abstraits au regard de l'immensité de la nature. La nature est toujours aussi imposante dans Still the Water mais la réalisatrice se recentre plus concrètement sur l'humain, sur la vie et sur la mort. Elle est retournée sur l'île de ses ancêtres, et y raconte les derniers jours d'une mère, entourée de sa famille.

Ce n'est pas elle le personnage principal de Still the Water, mais sa fille, au centre d'un récit d'apprentissage. La vie et la mort ont toujours été des mystères chez la réalisatrice, la disparition du frère dans Shara est aussi merveilleuse que l'apparition d'un amour défunt au creux de La Forêt de Mogari. La mère de Kyoko est chamane, elle ne peut, dit-on, pas mourir. Mais les dieux meurent aussi. La mort est parfaitement concrète dans Still the Water, pour s'en rendre compte, Kyoko observe l'égorgement d'une chèvre - la jeune fille pourrait presque voir l'âme de celle-ci s'envoler.

Mais de la même façon que le réalisme chez Kawase est toujours au seuil du fantastique, comme la chamane est au seuil de notre monde et de l'au-delà, ce qui est simple et concret est toujours aux portes du mystique. Un flux de conscience lie les humains, une mère à sa fille, qui ne peut être rompu par la mort. Les esprits emplissent le monde comme la chaleur le coeur humain. Le rapport hypersensible que Kawase et ses personnages ont à la vie et à la mort est d'une grâce magique, bouleversante, à l'image d'une scène de transe monumentale (l'un des motifs de son oeuvre, de la danse de Shara à celle d'Hotaru) qui compte déjà parmi les plus belles scènes de l'année.

D'autres films de la réalisatrice se sont ouverts par des plans d'arbres. Hanezu débutait dans la terre. Still the Water est un film de mer, une mer qui est vivante, traversée par les morts qui y trouveront le repos. Le lien n'est pas brisé avec les vivants, comme le figuraient le dénouement de Shara (l'oeil-dieu bienveillant s'élevant dans le ciel) ou celui de Suzaku (et le chant de la grand-mère disparue se confondant avec celui de la jeune fille). Le chant de la fille face à la mer est repris par la mère dans les lymbes, et c'est là que se joue la beauté incroyable et terrassante du cinéma de Kawase et de ce film en particulier. Face à la nature, face à l'amour, face à la vie et à la mort, c'est aussi un cinéma qui aide à vivre.

par Nicolas Bardot

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