Still Life

Still Life
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Still Life
Sanxia Haoren
Chine, République populaire de, 2007
De Jia Zhang Ke
Scénario : Jia Zhang Ke
Avec : Sanming Han, Zhao Tao, Hong Wei Wang
Durée : 1h48
Sortie : 02/05/2007
Note FilmDeCulte : ****--

Ville de Fenjge, vallée des Trois Gorges, en amont du plus grand barrage du monde. Sam Ming fait le voyage dans la région pour retrouver son ex-femme et sa fille qu'il n'a pas vues depuis seize ans. Aujourd'hui, l'immeuble, la rue, le quartier où elles ont vécu ne sont plus qu'une tache verte engloutie sous les eaux du barrage. Dans la même ville, Shen Hong cherche son mari disparu depuis deux ans.

LA VIE DES RUINES

Des ouvriers en démolition discutent après une journée harassante de labeur. Travailleurs migrateurs de la Chine d’aujourd’hui, ils n’ont que les dessins sur les billets de Yuans pour se rappeler d’où ils viennent, discuter de lendemains qui chantent et imaginer une vie meilleure. Plus tard, le héros, San Ming – sorte d’Olivier Gourmet chinois renfrogné mais incroyablement opiniâtre dans son combat pour retrouver sa femme et sa fille – confrontera l’imagerie du pouvoir à la réalité géographique. Le régime autoritaire de Pékin, dans toute sa démesure à transformer la nature au gré des envies, est passée par là et le spectacle des Trois Gorges, paysage ancestral de l’Empire du Milieu, a été bouleversé par la main de l’homme. Jia Zhang Ke ne s’intéresse pas à la dimension économique et écologique du gigantesque chantier mais aux petites gens de la région de Hubei, esclaves de la volonté du pouvoir autoritaire en place. Le premier et impressionnant plan-séquence indique la marche à suivre et l’objectif déployé par le réalisateur: saisir dans toute sa complexité un paysage humain, glisser sa caméra dans le moindre interstice de vie pour refléter le mal-vivre d’une génération sacrifiée au progrès.

LA VIE DES AUTRES

Si The World avait quelque peu déçu par le systématisme d’une mise en scène trop aride, Still Life offre à Jia Zhang Ke l’occasion d’exceller dans son domaine de prédilection, le portrait d’un homme démuni devant l’absurdité du monde qui l’entoure. Contrairement aux personnages principaux de Xia Wu, pickpocket et Plaisirs inconnus, doux glandeurs qui profitaient modestement du monde qui les entouraient en rêvant d’un ailleurs illusoire, San Ming prend son destin en main et s’accroche à une volonté farouche de retrouver un foyer. Le meilleur de Still Life tient dans la description quasi-documentaire de cette lutte sans révolte. Très ambitieux sur le plan narratif, Jia Zhang Ke mêle au premier récit celui d’une femme qui cherche elle aussi à raccommoder son couple. Elle vit parmi les hauteurs et semble indifférente à la douleur du monde qui l’entoure. Le metteur en scène nous montre ainsi une soirée dansante avec vue sur un pont illuminé pour le plaisir du propriétaire des lieux et, plus tard, le même endroit vu en coupe où grouille toute une communauté de sans grade. La réalisation fait ainsi corps avec le propos, le sublime sans jamais chercher à tirer la corde sensible ou jouer sur le misérabilisme. Une qualité mais aussi une limite. Monstrueux de maîtrise, Still Life ne laisse ainsi rien au hasard et à l’accident.

par Yannick Vély

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Le film a reçu le Lion d'or à la dernière Mostra de Venise.

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