Steamboy

Steamboy
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Steamboy
Japon, 2004
De Katsuhiro Otomo
Scénario : Sadayuki Murai, Katsuhiro Otomo
Avec : Manami Konishi, Katsuo Nakamura, Ikki Sawamura, Anne Suzuki, Susumu Terajima
Durée : 2h06
Sortie : 22/09/2004
Note FilmDeCulte : *****-

Angleterre, 19ème siècle. Peu de temps avant la Première Exposition universelle, le jeune Ray se voit confier par son grand-père une mystérieuse invention, appelée "Steam Ball", convoitée par la Fondation Ohara.

LA PERFECTION A UN NOM

La sortie d'un nouveau film de Katsuhiro Otomo est toujours un événement. Méticuleux, perfectionniste, l'auteur d'Akira a pris son temps pour développer un long métrage à la hauteur de ses ambitions. Amoureux des romans de Jules Verne, il situe sa nouvelle histoire dans l'Angleterre victorienne du 19ème siècle, l'ère de la vapeur et des savants fous. Première bonne nouvelle pour les fans de la japanimation, Otomo n'a rien perdu de son savoir-faire technique. Le graphisme est somptueux. Là où les équipes de Disney se contentent de résumer une ville à une rue principale (Atlantide, l'empire perdu), le cinéaste japonais et ses disciples font ressurgir le Londres du passé. Impossible de ne pas être émerveillé par la profusion des détails et le caractère monumental de la reconstitution. L'orfèvre Otomo donne une leçon de mise en scène. La caméra virevolte autour des pavillons de l'Exposition universelle, et par la grâce de la réalisation, l'utilisation de la 3D au sein d'un environnement en deux dimensions devient presque imperceptible. Assurément du grand art.

SCIENCE SANS CONSCIENCE

Obsédé par les liens parfois occultes entre le monde de la science et celui des militaires, hanté par la bombe atomique, Katsuhiro Otomo s'attarde de nouveau sur des hommes dévorés par la soif du savoir, incapables de réaliser le bien de l'humanité. Comme dans Akira ou Domû, rêves d'enfants, le manga qui a assis sa réputation au Japon au début des années 80, Steamboy ne possède pas à proprement parler de bons et de méchants facilement identifiables. Dans un premier temps, le père du héros éprouve une réelle envie d'améliorer le sort de la condition humaine. Mais bien évidemment, rien ne se passe comme prévu. L'invention est toujours utilisée à des fins destructrices, quelque soit le camp qui la possède. Mégalomane coupé de la réalité depuis un accident qui l'a transformé en être biomécanique, Edie Steam est peu à peu gangrené par l'appétit du gain et l'envie d'asservir son entourage. Aidé financièrement par des armuriers sans foi ni loi, il transforme le pavillon Ohara en machine de guerre et n'accepte plus la contradiction. Le message de la fable est intemporelle. Comme James Cameron ou Osamu Tezuka, deux auteurs qui l'ont inspiré (le titre Steamboy est un hommage à Astroboy, le célèbre héros du père du manga moderne), Katsuhiro Otomo redoute les dérives engendrées par le progrès technique.

GRAINS DE SABLE

Dès lors, d'où provient la légère déception qui prédomine à la fin de Steamboy? La trop forte attente suscitée par le film se révèle encombrante. Le nouvel opus de Katsuhiro Otomo ne possède en effet ni la force visionnaire d'Akira, ni la poésie surréelle de Memories, les deux précédents projets du réalisateur. En se plaçant sur le terrain de Hayao Miyazaki - Le Château dans le ciel est une référence évidente - Otomo a pris le risque de ne pas retrouver la même magie. Après une première demi-heure pleine de promesses, Steamboy fait du surplace lors de son arrivée à Londres, le temps de développer la psychologie de personnages parfois peu charismatiques comme la pénible Scarlett. Producteur, scénariste et metteur en scène, grand maître de l'animation japonaise, Katsuhiro Otomo a peut-être manqué d'un avis extérieur le contraignant à réduire son intrigue à l'essentiel: la relation filiale et la folie qui s'empare peu à peu des scientifiques. Malgré ces quelques réticences légitimes qui s'estomperont sans doute lors des visions ultérieures, Steamboy demeure une expérience plastique d'une force rare, à la beauté parfois étourdissante.

par Yannick Vély

En savoir plus

Katsuhiro Otomo aimerait continuer d'explorer cet univers en produisant une série destinée à la télévision. Steamgirl, nom du projet, reprendrait les principaux personnages du film et les plongerait dans de nouvelles aventures dont le spectateur a un avant-gout grâce au somptueux générique final de Steamboy.

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