Sport de filles
France, 2011
De Patricia Mazuy
Scénario : Patrick Le Rolland, Patricia Mazuy, Simon Reggiani
Avec : Josiane Balasko, Marina Hands
Photo : Caroline Champetier
Musique : John Cale
Durée : 1h41
Sortie : 25/01/2012
Révoltée par la vente du cheval d'obstacle qu'on lui avait promis, Gracieuse, cavalière surdouée, claque la porte de l'élevage qui l'employait. Elle redémarre à zéro en acceptant de rentrer comme palefrenière dans le haras de dressage qui jouxte la ferme de son père...
LE CHEVAL DE PURIN
N’y allons pas par quatre chemins : Sport de filles, le nouveau film de Patricia Mazuy, est à nos yeux une catastrophe. Un plantage en beauté, amplifié par les années de préparation que le projet (lancé il y a cinq ans) a nécessité. Ceux qui déduisent qu’on sort d’une telle période de gestation avec au moins un scénario carré et fortifié par de nombreuses réécritures… ont tort. Certes, le quadrillage millimétré ne semble pas être la priorité de la réalisatrice, qui cherche surtout à faire respirer son film, à y laisser des trous d’air, à coup de séquences de simple captation où l’intrigue est mise de coté pour prendre le temps d’admirer ce qui est au cœur du film : les chevaux. Le problème c’est que ces scènes sont très bizarres, et pas vraiment dans le meilleur sens du terme. Très longues, répétitives pour qui n’y connait rien en dressage équestre, avec une musique experimentalo-rock (signée John Cale et pourtant, il faut avouer, un brin ringarde) qui commence en plein milieu de la séquence, s’arrête avant la fin… tout cela donnant l’impression d’un montage maladroit, et ralentit le rythme général sans poésie aucune.
Mais le vrai problème, c’est que ces scènes suspendues restent les meilleures scènes du film. Dès que l’on repart sur les rails du scénario (auquel a contribué François Bégaudeau), les boursouflures s’accumulent : personnages atrocement mal écrits (l’héroïne a pour unique personnalisation sa phrase fétiche « planche pourrie », balancée à qui mieux-mieux), une intrigue pleine de creux et de lenteurs, une direction d’acteur qui laisse perplexe… Pour donner une idée de ce naufrage permanent : même Marina Hands y est mauvaise. Dans ses meilleurs moments, Sport de filles rappelle un épouvantable téléfilm : terne, lent et ennuyeux. Mais parfois c’est pire : à force de vouloir être poétique et libre, le film finit par se vautrer dans le ridicule, notamment grâce à ses dialogues en forme d’aphorismes sur la vie, sortis d’un mauvais Lelouch.
La référence au téléfilm est loin d’être fortuite, car on sent dans Sport de filles un défaut qui est souvent celui des productions issues de la télé : la prédominance du sujet sur les qualités purement cinématographiques. Écrit et même réalisé de manière parfois très hasardeuse (ces cadrages !) Sport de filles passionnera peut-être néanmoins tous ceux qui s’y connaissent en dressage équestre. Mais même parmi ceux-là, les cinéphiles peuvent passer leur chemin sans hésiter. Il y a onze ans, la réalisatrice plaçait selon ses propres dires son curieux Saint-Cyr dans la lignée de Full Metal Jacket. Cette fois-ci, c’est La Règle du jeu qui sert de référence avouée, et on confesse avoir du mal à voir un rapport concret au-delà d’une formule-choc de note d’intention.