Spellbound

Spellbound
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Spellbound
États-Unis, 2004
De Jeffrey Blitz
Avec : Harry Altman, Angela Arenivar, Ted Brigham, April DeGideo, Neil Kadakia, Nupur Lala
Durée : 1h35
Sortie : 01/01/2004
Note FilmDeCulte : *****-

Le grand concours national d'orthographe et d'épellation tient en haleine huit jeunes candidats qui rêvent d'une gloire éphémère et de remporter le chèque de 100 000 dollars.

AMERICAN DREAM

Nominé à l'Oscar du meilleur documentaire en 2002, Spellbound mérite amplement sa réputation de petit chef-d'oeuvre du genre. En suivant huit jeunes candidats du concours national d'épellation, Jeffrey Blitz raconte une certaine histoire de l'Amérique. Il parvient de surcroît à créer un vrai et beau suspense, transformant un simple exercice de mémoire en enjeu dramatique. Huit enfants expliquent, face caméra, leurs rêves et leurs doutes avant l'épreuve. Huit exemples assez représentatifs de la jeunesse occidentale avec les immigrés de la seconde génération qui portent tous les espoirs de leurs ascendances, les petites filles modèles, aussi fortes en équitation qu'en orthographe, les authentiques surdoués, souvent raillés dans leurs classes respectives et enfin le gamin sur-actif, diablement attachant. Blitz filme également leurs parents, peut-être encore plus fiers et inquiets que leurs progénitures avant le concours final. Le père du candidat d'origine indienne expose ainsi les symboles de sa réussite comme autant de trophées de chasse, tout à sa joie d'avoir également un fils capable de rivaliser avec les Américains de souche dans la pratique de la langue anglaise.

L'HEURE DE VERITE

Le jour J arrive enfin. Chaque candidat feint la modestie mais l'on devine les ambitions de chacun et surtout celles de certains adultes bien décidés à faire de leur enfant une star de la télévision. ESPN passe en effet en direct les derniers tours de l'épreuve et il faut absolument parvenir à cette phase-là. Les épreuves se suivent. La règle est simple et cruelle: une erreur d'épellation et l'élimination est signalée par le tintement d'une cloche. Certains candidats semblent mettre fin au supplice délibérément comme l'enfant ténébreux, "un futur bon Marines car il aime les armes" qui commet une bourde dès son second passage. Les rebondissements sont nombreux et l'on guette les défaillances des supposés infaillibles. Jeffrey Blitz rend incroyablement touchant un exercice pourtant facilement rébarbatif. On essaie désespérément d'aider les candidats à trouver le bon mot. Pertinent et captivant, Spellbound est également très drôle. Les hésitations de Neil, le pré-ado d'origine indienne, sur le mot "Darjeeling" résument bien, avec ironie, les difficultés de conserver sa culture au sein d'un nouveau pays. On est souvent ébahi devant les efforts entrepris par les candidats pour être à la hauteur des espérances placés en eux, gêné aussi parfois devant des enfants transformés en singes savants contraints d'apprendre le dictionnaire. Sans l'air d'y toucher, Spellbound tient ainsi un vrai discours sur la politique culturelle américaine en soulignant les dérives de ce type de concours, mais aussi en montrant la part de rêve qu'ils insufflent à une partie de la population. Toutes ces qualités font du premier film de Jeffrey Blitz une authentique réussite.

par Yannick Vély

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