Sonny

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Sonny
États-Unis, 2002
De Nicolas Cage
Scénario : John Carlen
Avec : Brenda Blethyn, Harry Dean Stanton, James Franco, Mena Suvari
Durée : 1h50
Sortie : 01/01/2002
Note FilmDeCulte : *****-

Sonny vient juste de finir son service. De retour chez sa mère, où il a exercé le métier de gigolo, il décide de renoncer à son ancienne carrière pour entreprendre une vie normale, mais la rencontre avec Carol, une prostituée, et diverses déconvenues viennent à bout de ses résolutions.

Si l’on connaissait les talents de l’acteur, on ne savait pas ce qu’il fallait attendre de Nicolas Cage réalisateur. D’un sujet douloureux, la vie d’un gigolo partagé entre son désir de normalité et sa condition, il tire un film à la fois personnel et surprenant. Tout d’abord par son esthétique. Dans les décors, les costumes ou certains dialogues, on peut observer la patte symbolique de ce que l’on connaît de l’auteur: le mélange amusant de beauté et de mauvais goût, entre le chic clinquant et l’autodérision assumée… On est par contre plus étonné par ses choix de metteur en scène: en limitant au maximum sa réalisation (la plupart des plans sont fixes), le réalisateur pousse à la fois au réalisme et au décalage. On est d’autant plus surpris de ses choix quant à son sujet (la marginalité et la prostitution), généralement traité de façon sale ou sombre. Ici, l’image est lumineuse, propre, comme par désir de ne tâcher l’image que par l’action, et non par l’ambiance. On note toutefois quelques bouleversements: La réalité ébranle par moments Sonny comme l’image qui passe d’un cadrage propre et intimiste à une confusion visuelle et intense.

La vision du métier de prostitué qui résulte de ces choix se fait ainsi sans exagération, sans excès, pour n’en être que plus désolante: du caractère sombre de la vie des clients à l’écœurement ressenti par le prostitué, Cage donne l’impression de chercher une nouvelle forme de réalisme, tout en assumant un décalage nécessaire, par l’humour ou le chaos suivant les scènes. De ces choix résultent évidemment quelques erreurs dans les cadrages ou dans le ton, souvent hésitant ou trop retenu. C’est surtout le sombre portrait des personnages qui marque. D’un Sonny idéaliste au personnage résigné d’Henry (Harry Dean Stanton), c’est un éventail de misère que l’acteur-réalisateur nous expose, sans jugement ni voyeurisme. On saluera notamment les performances de Mena Suvari en prostituée prête à tout sacrifier à une vie normale, ou celle de Brenda Blethyn, en mère manipulatrice (qui n’est pas sans rappeler le personnage de Diane Ladd dans Sailor et Lula). Mais la vraie révélation du film, c’est James Franco (révélé dans Spider-man), inoubliable en gigolo désœuvré, qui à chaque scène nous prouve quel grand acteur il est sur le point de devenir.

Pour son premier film, Nicolas Cage signe une œuvre inédite et sombre, que l’on devine intimement personnelle. Appuyé par l’envoûtante musique de Clint Mansell, il nous offre une vision de la marginalité à la fois touchante et juste, portée par des acteurs qui ne le sont pas moins.

par Yannick Vély

En savoir plus

Nicolas Cage a découvert le script il y a quinze ans, alors qu’il devait lui-même interpréter Sonny pour Barbet Schroeder. Le film a un budget très restreint: moins de 5 millions de dollars ont suffit pour un tournage qui n’aura duré qu’un petit mois. Par ailleurs, Nicolas Cage aurait émis le souhait de réaliser un remake du film de Thomas Vinterberg Festen.

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