Somebody Up There Likes Me
États-Unis, 2012
De Bob Byington
Scénario : Bob Byington
Avec : Nick Offerman, Keith Poulson, Jess Weixler
Photo : Sean Price Williams
Musique : Chris Baio
Durée : 1h16
Sortie : 23/01/2013
Glissant sur ses 35 ans de vie sans en prendre de la graine, Max s’accommode avec sa perplexité habituelle du mariage, du divorce, de la paternité, de ses succès et échecs professionnels, comme de son ultime sort. Sa seconde femme Lyla, et son acolyte à la mémoire courte, Sal, accompagnent l’essentiel de son parcours...
LA VIE SANS PRINCIPE
Somebody Up There Likes Me, primé cet été au Festival de Locarno, fait partie de ces films qu'on a l'impression d'avoir déjà vus avant d'y jeter un œil. Une comédie indé américaine à l'humour décalé dispersé en petites vignettes ornées de pop-folk mélancolique ? L'étiquette est toute trouvée. Somebody Up There Likes Me est pourtant bien plus surprenant que ça. Le réalisateur américain Bob Byington (lire notre entretien) fait le pari de réconcilier l'infiniment petit (des vignettes, effectivement, une poussière, un non-événement) et l'infiniment grand (une vingtaine d'années de vie, rien que ça) pour un résultat bien plus déroutant qu'il n'y paraît. Le générique du film, tout en plans courts, imprime ce tempo particulier que Somebody Up There Likes Me tiendra jusqu'au bout. Un mariage ou un décès tiennent en un plan, avec un art de la concision qui rappelle la simplicité du strip. Le film de Bob Byington évoque l'amertume résignée d'un Daniel Clowes (et les interludes dessinés ne semblent pas être là par hasard) ainsi que les fausses miniatures de Miranda July, mimis en apparence, plus anxiogènes en réalité.
La vie suit son cours avec ennui et indifférence dans Somebody Up There Likes Me. Le héros se marie avec une fille, qui pourrait être une autre. Son fils est posé là, pourrait être ailleurs. On grimpe sur l'échelle sociale en quelques plans, on en redescend aussi vite, on prend cinq ans en cinq minutes, et pourtant, à tous les âges, le personnage principal est joué par le même acteur. Tout coule sur lui. Le film pourrait s'abimer dans la pose chic et autiste. Mais cette indolence est la recette d'une belle comédie à froid tout comme le moteur d'une histoire plus émouvante. Rien ne semble dramatique à l'écran, la vie passe comme un songe alors que, comme l'indique un personnage, "on pense tous qu'on ne va pas mourir". Bob Byington impose un ton, une poésie, et une élégance dans ce faux petit film plus mystérieux qu'on ne le croit, qui avec peu parvient à faire beaucoup.