Le Soliste
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Soloist
États-Unis, 2008
De Joe Wright
Scénario : Susannah Grant d'après d'après l'oeuvre de Steve Lopez
Avec : Robert Downey Jr, Jamie Foxx, Catherine Keener, Stephen Root
Photo : Seamus McGarvey
Musique : Dario Marianelli
Durée : 1h57
Sortie : 23/12/2009
Steve Lopez est dans une impasse. Le journal pour lequel il travaille est en pleine crise, son mariage est un échec, et le temps où il aimait son métier de journaliste est bien loin. Et puis un jour, dans la rue, il entend de la musique. Un étrange vagabond, Nathaniel Ayers, joue de toute son âme, et même si son violon n'a que deux cordes, une émotion unique surgit. Pour Steve, l'étonnant violoniste est d'abord un bon sujet pour sa chronique, et il va peu à peu percevoir tout le mystère qui entoure ce personnage. Le journaliste décide de sortir Ayers de la rue et de le rendre au monde de la musique. Alors qu'il s'acharne à sauver la vie de ce sans-abri hors norme, Steve Lopez se rend peu à peu compte que c'est finalement Ayers qui, à travers sa passion dévorante, son obstination à rester libre et ses tentatives courageuses pour nouer des liens avec les autres, va profondément le changer...
QUE LA MUSIQUE EST BELLE
Trop sombre en période de crise pour le grand public américain, Le Soliste de Joe Wright a longtemps été le film maudit de 2008, pressenti d'abord pour les Oscars sur la foi d'un premier accueil dithyrambique de la critique, puis finalement repoussé à avril 2009, victime de son excès de noirceur... Qu'importe finalement, ce nouveau "film d'époque" de Joe Wright comme lui-même le décrit, est le trésor enfoui de cette fin d'année, un conte extrêmement noir et pourtant adapté d'une histoire vraie. Il était une fois un jeune violoniste surdoué et un journaliste à la quête d'un sujet. Les deux hommes n'auraient jamais dû se rencontrer sauf que le premier - devenu schizophrène - erre dans les rues de Los Angeles à la recherche de l'esprit de Beethoven et que le second voit en lui une tragique histoire pour raconter quelque chose de nos sociétés contemporaines - cette fine frontière entre le rêve et le cauchemar, la vie tranquille dans nos foyers bourgeois ou l'horreur de celle des sans-abri abandonnés à la violence de la rue.
Metteur en scène au style puissant, Joe Wright s'offre de vertigineuses plongées dans ce monde de la nuit, comme des échos contemporains à son incroyable plan-séquence sur la débâcle de l'armée française et anglaise de Reviens-moi. Et puis, bien sûr, il y a les acteurs, époustouflants de justesse. Si Jaime Foxx a un rôle en or pour une grande composition, Robert Downey Jr. joue sur un registre plus nuancé. Son personnage n'est pas un héros des temps modernes : il décrit juste avec talent la noirceur du monde. Steve Lopez n'est pas un bon Samaritain : il aide juste un homme qui lui a permis d'obtenir des lauriers professionnels. Si la musique est parfois filmée avec un peu trop d'effets, Le Soliste est un des ces films qui nous hantent longtemps, comme "un caillou dans une chaussure" pour reprendre l'expression de Lars von Trier.
